
LE COEUR MÉTAMORPHE CHAP.8
Jean-Marc HENRIOT Fondateur de l’Ecole AIDE Psy
Réussir sa vie, c’est aussi se donner les chances d’établir des relations heureuses avec autrui et avec nous-même, et bien vivre nos comportements affectifs. Cela suppose un préalable : décrypter notre complexité psychique et émotionnelle apparente. Notre psychisme est constitué de différentes personnalités. Fruit de nos expériences, il abrite aussi l’enfant que nous étions, l’image de nos parents et des figures marquantes de notre histoire, les rôles que nous avons joués… Le cœur métamorphe désigne la possibilité de gérer cette incroyable mosaïque interne, qui détermine nos attitudes et qu’il nous appartient donc d’explorer et d’organiser, pour évoluer. Ce manuel synthétique et pratique expose des notions psychologiques fondamentales et leurs manifestations au quotidien. Exposés clairs et structurés, exemples, résumés et nombreux exercices nous permettent de découvrir notre boussole interne dont le nord magnétique serait l’équilibre émotionnel. Accepter de se voir tels que nous sommes, c’est saisir une occasion de créativité et d’ouverture humaine.
CHAPITRE 8. LE COEUR MÉTAMORPHE
L’ETRE HUMAIN CRUCIFIE
Au delà du christianisme, dans maintes cultures, le symbole de la croix représente une image forte. En effet, l’être humain se trouve cloué sur le chevalet des opposés, dont les plus visibles sont, sur l’axe vertical : Animalité – Esprit, et sur l’axe horizontal : les contraires psychiques et relationnels dans lesquels nous baignons.

Deux écueils nous attendent :
1) nous accrocher à un seul pôle de chacun des axes afin de ne pas nous sentir écartelé. Le prix payé est une profonde dénaturation de notre richesse humaine. Le schéma ci-dessus nous montre, par exemple, qu’une religion de « pur esprit », s’efforçant de repousser le corps, signifie une limitation mutilante. Et qu’à l’inverse, un matérialisme exclusif représente un égal déficit d’humanité.
De même, ne reconnaître en soi que le bon Docteur Jekill conduit à des comportements névrotiques ou à de brusques débordements pulsionnels. Ou bien, lorsqu’un homme viril veut refuser sa part féminine, il se comporte bientôt comme une caricature machiste et intolérante.
Essayer d’éviter la souffrance, en ne s’installant que sur un pôle, revient à limiter profondément notre être.
2) souffrir de l’écartèlement . Voici le risque opposé : se trouver tenaillé entre instincts et aspirations spirituelles (axe vertical), ou bien entre vie intérieure, richesse imaginaire d’un côté, et action sur les contraintes d’une réalité extérieure, rude à nos désirs, de l’autre côté (axe horizontal).
Ce déchirement présente cependant plus d’humanité que la terrible simplification précédente, puisqu’ici les quatre pôles gardent leur place en nous-mêmes. Mais il fait endurer de nombreuses souffrances, comparables au supplice moyenâgeux de l’écartèlement.
Comment accepter cette constante de nos civilisations : à côté de nos réalisations culturelles raffinées et profondes cohabitent les actes les plus odieusement barbares. On aimerait se rassurer en pensant que ce ne sont pas les mêmes hommes qui commettent ces actes. Mais rien de moins sûr ! Les nazis pouvaient torturer, tout en appréciant Beethoven, et en disposant d’une exquise sensibilité avec leurs familles. Je me souviens aussi de cette patiente affligée d’un père distingué, raffiné, cultivé, respecté par toute la communauté, qui la violait et la violentait de la façon la plus barbare qui soit.
Nous savons que, dans nos groupes humains, toute personne en position de faiblesse (enfants, vieillards, handicapés, ou parfois femmes) trouvera des gens prêts à l’exploiter et à abuser d’elle sans vergogne, jusqu’au point de lui prélever lentement sang et organes pour les revendre, après l’avoir prostituée pendant que cela demeurait possible. Et dans le même temps des bénévoles de toutes origines se montreront capables d’extraordinaires sacrifices pour aider les plus démunis. L’Abbé PIERRE et Marc DUTROUX habitent la même Europe et la même époque.
Notre vie sociale présente ainsi un tableau extraordinairement contrasté où le pire et le meilleur coexistent. N’en souligner qu’un aspect (comme le font les journaux télévisés, généralement spécialisés dans le plus choquant) ne donne en rien une information pertinente.
Reste que la conscience de ces violentes oppositions qui traversent nos mondes, intérieur et extérieur, peut nous faire souffrir jusqu’au point de nous désorienter : comment nous situer ? Quelle attitude adopter ? Vers quoi vont les humains ? L’homme est-il définitivement un loup pour l’homme ? Tout ceci a-t-il un sens ?
Je pense que la réponse se trouve dans cette zone entourant l’intersection des deux branches de notre croix : là se situe l’espace de créativité qui va faire notre richesse humaine. Accepter les quatre pôles de notre croix, et en faire la synthèse créative, me paraît spécifier à la fois l’être humain complet et le sens de notre existence. Nous devons assumer notre fonction de « transformateurs créatifs » afin de devenir des dieux-animaux et des rêveurs-bâtisseurs. Le centre même de notre spécificité humaine réside ainsi dans ce que j’ai appelé le « cœur métamorphe ».
Voyons quelques unes de ces oppositions, challenge de notre parcours de vie.
NATURE – CULTURE
Dans le lieu crucial du couple et de la sexualité les enjeux vont être les plus intenses et les plus flagrants. Comment réussirons-nous à concilier nos instincts et notre pur amour ?
1. la bulle intime de l’animal
L’animal sauvage possède une distance « intime » spécifique. Lorsqu’un inconnu pénètre dans cette zone, l’une des deux réactions automatiques se déclenche : fuir ou agresser (faire le mort est assimilé à la fuite). Dans ces conditions, comment consentir au rapprochement sexuel avec un partenaire étranger, riche d’ADN inconnu? Grâce au rituel de la parade qui, dans la grande majorité des espèces, demeure indispensable pour que le mâle soit accepté. Même une femelle en chaleur ne se laissera pas approcher sans le minimum requis. Le mâle doit progressivement susciter chez elle les mécanismes d’inhibition de l’agressivité, en montrant qu’il respecte les signaux d’autorisation, et en cherchant à séduire par le cérémonial requis, les beaux atours, et les combats contre les autres prétendants.
Lorsque l’animal humain se trouve placé dans une situation inquiétante et frustrante (particulièrement lorsqu’il subit l’emprise d’un autre) en étant privé de ces deux possibilités, fuite ou agressivité, il tombe malade. Le film d’Alain RESNAIS « Mon Oncle d’Amérique » avec Gérard DEPARDIEU, illustre la survenue de somatisations dans ces conditions (thèses de Henri LABORIT).
De même citons l’étude suivante. Décor : une île océanique, lieu paradisiaque où vivent des cerfs et des biches, sans aucun prédateur. L’observation régulière montre que les animaux grandissent, deviennent de plus en plus beaux, le poil luisant et le poitrail impressionnant. La colonie se développe et chaque individu prend une taille plus importante que celle habituellement reconnue à l’espèce. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où ils se mettent à mourir par dizaines. Les autopsies détectent alors qu’en réaction au stress, dû à la surpopulation et à la diminution de leur espace, leurs glandes, surrénales en particulier, étaient sollicitées à plein régime (d’où leur belle taille) jusqu’au point de rupture. La superbe progression s’est terminée en chute brutale. Ne pas pouvoir évoluer dans un espace sûr et suffisant se révèle hautement dommageable.
On retrouve incontestablement chez l’animal humain la nécessité d’un apprivoisement progressif, et de rituels de séduction permettant l’approche de la zone intime. Ces codes, étudiés par les sociologues, apparaissent beaucoup plus précis et prévisibles, dans une culture donnée, que nous ne le croyons.
Sans ces conditions l’approche de l’autre dans notre bulle privée va susciter fuite ou agressivité. Même lorsque nous voilà serrés dans un ascenseur avec des inconnus nous assurons un minimum de fuite grâce à notre regard qui s’échappe en évitant tout « contact ».
Est-il un peu simpliste d’appliquer ceci à la vie du couple ? Cela nous conduirait, par exemple, à l’idée que, à moins de rester constamment corps à corps, l’éloignement dû à la vie quotidienne requiert ensuite des rituels d’approche et d’apprivoisement permettant de se retrouver dans la zone intime mutuelle sans susciter dérobade ou combativité.
D’ailleurs, lorsqu’il n’y a plus d’amour, la présence de l’autre met en jeu les comportements naturels de protection de l’espace : irritabilité, colère, agressivité.
2. la bulle intime humaine
On doit au sociologue américain Edward HALL des observations extrêmement riches sur la façon dont les diverses cultures impriment en nous une utilisation particulière de l’espace et du temps. Cette science s’appelle la proxémique et montre combien de malentendus tiennent au décodage que chacun établit à travers ses propres filtres inconscients. Nous y reviendrons ; retenons simplement un de ses constats : il existe une sorte de frontière délimitant un espace qui entoure notre corps, enveloppe invisible située à une cinquantaine de centimètres des limites de notre peau. Toute personne qui pénètre dans cette zone a besoin d’un passeport. Celui-ci peut être professionnel (kinésithérapeute, médecin) ou affectif (amour, famille, amitié). Toucher notre corps entraîne un impact sur notre âme même, comme l’ont montré l’haptonomie de Franz WELDMAN, ou les recherches de R. SPITZ sur l’hospitalisme. Même les expériences de H.HARLOW sur le développement des primates (singes) ont prouvé de façon décisive que le contact physique était un élément essentiel pour l’atteinte d’une bonne santé somatique et psychologique.
Résumons toutes ces études en quelques mots : notre peau a un rôle capital ; le toucher va profond en nous-même, nous est indispensable, au moins durant les premiers temps de la vie ; ces contacts physiques représentent une « nourriture » au même titre que nos aliments quotidiens.
Ainsi, être touché sexuellement par l’autre crée un lien intime particulièrement comblant, mais aussi spécialement menaçant. Notre identité s’est structurée autour de l’alliance que nous avons pu établir avec notre corps : s’identifier à notre corps, y résider en toute quiétude donne une sécurité permettant les expériences intimes (sans trop craindre la menace identitaire). Et cela découle d’un bon lien initial avec une image maternelle primaire. Pouvoir investir nos sensations corporelles (sexe, nourriture, douleurs, etc) de façon telle que notre corps nous apparaisse comme un ami bienveillant plutôt qu’un ennemi à combattre ou un animal à tenir étroitement en laisse, passe par l’expérience initiale transmise par la Mère, ou le parent maternant, au bébé puis à l’enfant. Il y a un rapport déterminant entre un « bon investissement de notre corps » et de « bonnes relations avec l’image maternelle primaire ». Un déficit de « bon parent » engendre généralement, plus tard, des difficultés dans la prise en compte par l’adulte de ses besoins et sensations corporelles, d’où les troubles de type anorexie, boulimie, hypocondrie, dyspareunie, déréalisation, etc.
Pourquoi le rapport sexuel réussi provoque-t-il une menace identitaire, qu’on doit d’abord maîtriser ? Parce que l’excitation pulsionnelle, ainsi que l’entrelacement des corps, occasionne une certaine perte des limites corporelles ; la peau devient poreuse ; on ne sait plus qui est qui. Cette bienheureuse fusion qui nous délivre enfin du carcan identitaire peut aussi entraîner la peur, chez les personnes qui ne sont pas très sûres de leurs propres bases. Elles se limiteront alors à une excitation superficielle, suffisante parfois, mais bien peu comblante pour finir.
Vivre la relation sexuelle amoureuse suppose d’accepter cette prise de risque, cette entrée dans la vulnérabilité. La femme connaît spécialement ceci, puisqu’elle accueille à l’intérieur même de son corps et s’expose donc à un engagement plus total (lorsqu’elle accepte d’entrer vraiment dans la situation). Mais l’homme, du moins lorsqu’il sent son amour, abandonne aussi sa cuirasse, et se révèle alors hypersensible aux moindres remarques négatives ou critiques : la plus petite d’entre elles peut devenir une flèche qui le pénètre jusqu’aux tréfonds.
Notons au passage que l’engagement intense dans le OUI mutuel se manifeste d’autant plus aisément que le NON a droit de cité entre les partenaires. Si je sais que je peux poser une barrière et que celle-ci sera respectée, je suis en mesure d’ouvrir pour de bon et non pas d’une façon mélangée (comme lorsque je dis « oui », tout en ayant encore une partie de moi qui pense « non »).
Concluons sur le fait qu’au cœur de l’intime nous avons à trouver une cohabitation entre ce qui reste le plus instinctuellement animal et ce qui touche au plus haut de notre identité humaine.
3. le sexe polygame
Là encore l’étude de la Nature nous donne à réfléchir. Les chercheurs ont montré que la polygamie chez les animaux se repérait aisément : les espèces polygames présentent un dimorphisme sexuel. C’est à dire qu’on voit nettement la différence entre la femelle et le mâle. Ce dernier, du fait de la compétition entre mâles, est généralement plus grand, plus lourd, exhibant des couleurs plus vives. Les espèces monogames, au contraire, manifestent un monomorphisme comportant peu de différences entre le mâle et la femelle ; tous deux semblent vraiment identiques, avec un aspect terne et peu coloré.
Ce critère signale que l’espèce humaine, présentant un net dimorphisme sexuel, est porteuse d’une nature polygame. La différence de poids et de taille des hommes par rapport aux femmes s’origine dans cette caractéristique. Rien d’étonnant, au demeurant, puisque le monde animal se révèle très largement polygame ; ainsi que beaucoup de sociétés « primitives ». Citons, à ce propos, une étude anthropologique de G.P. MURDOCK en 1957 : sur 557 sociétés étudiées (dont beaucoup ont disparu depuis) 25% étaient monogames contre 75 % polygames. Il semble bien que la monogamie stricte soit une tentative culturelle relativement récente. Dans le dilemme Nature – Culture nous trouvons là une crucifixion marquée. Si l’on y ajoute la gageure de maintenir un mariage basé sur un fondement affectif plutôt que social ou financier, on comprend que la tentative constitue un défi délicat. L’augmentation permanente du taux de divorces est d’ailleurs là pour l’attester. Mais elle montre, a contrario, le désir des couples d’atteindre une relation forte et passionnée et de la maintenir le plus longtemps possible « ou sinon autant se séparer ».
Terminons sur le fait que la fidélité sexuelle, acquis culturel, est indispensable au sentiment d’amour. Même les couples échangistes disposent d’une définition de la « fidélité » mutuelle, leur garantissant que le conjoint garde ce lien unique, privilégié, intouchable, au cœur de ses ébats avec d’autres partenaires.
RESUME
- L’être humain, crucifié par ses tendances opposées, a pour tâche de développer en lui une zone créative qui fera la synthèse de celles-ci. Toute autre démarche conduit à une certaine déshumanisation.
- Parmi les premiers conflits se trouve celui qui paraît opposer Nature et Culture au sein de la relation sexuelle :
Nature : =>zone intime suscitant fuite ou agressivité
=> dimorphisme sexuel indiquant que l’espèce humaine est d’origine polygame
Culture : => maintenir un lien d’amour garantissant l’approche mutuelle
=> établir une fidélité affective et sexuelle propice au développement de chacun
SEXE – TENDRESSE
Différences
Les hommes et les femmes s’approchent de l’excitation sexuelle d’une façon très différentes.
- les femmes
ont besoin d’être détendues afin d’abaisser peu à peu les barrières protectrices qui, nécessairement, les entourent. Il leur faut donc s’approcher, progressivement et dans une ambiance agréable, du moment où elles pourront laisser venir l’excitation sexuelle et accepter le partenaire. Un bain chaud, un environnement agréable et parfumé, l’absence de tâches à faire, le feu de bois, la musique, le champagne… voilà autant de conditions propices à cette détente nécessaire qui permettra l’acceptation du toucher et la pénétration dans une zone intime.
- les hommes
à l’opposé, se sent tendu, excité, fébrile. Il ne demande pas un long temps d’apaisement, bien au contraire. C’est seulement après l’orgasme qu’il connaîtra la détente, mais certainement pas avant. Il a hâte de toucher au but.
Comment diable ces deux vont-ils donc pouvoir synchroniser des rythmes totalement divergents ? En passant par une zone intermédiaire leur permettant de se rejoindre.
Les trois Forces
Entre les deux pôles opposés, le Sexe brut et la Tendresse romantique, se trouve au centre un lieu de passage et synthèse : l’attraction érotique.

En fait chacun de ces trois pôles recèle une énergie. Mais ces forces présentent une tonalité différente. Là encore, rester dans une seule perspective est bien débilitant : le pur amour platonique n’apparaît pas plus nourrissant que la lecture d’un menu, cependant que le sexe sans amour, se révèle d’une tristesse et d’une platitude peu enthousiasmante.
L’homme est généralement concerné par le côté sexe et la femme par l’aspect romantisme.
Par conséquent chacun des deux doit s’engager vers l’autre en investissant l’espace central, celui de l’attraction érotique.
L’attraction érotique
Chaque partenaire est appelé à effectuer un mouvement en direction du pôle où se situe l’autre. Ce faisant tous deux traverseront la zone intermédiaire de l’Eros.
L’homme devra s’investir dans tout ce qui peut contribuer à créer une atmosphère propice à la détente. Décharger sa femme de telle tâche ménagère astreignante constitue ainsi un acte « érotique » puisqu’il contribue à montrer à la conjointe qu’on tient compte de ses préoccupations, et puisqu’il favorise la possibilité qu’elle se relaxe. Les séducteurs, comme les romanciers de littérature de gare savent susciter le sentiment d’être romantiquement désirée. Que prennent-ils en compte ? Les éléments qui permettent de retrouver beauté et apaisement ; poétiser la vie, faire quelque chose qui montre à la partenaire à quel point nous pensons à elle et combien elle est importante à notre cœur. En ce sens des petits cadeaux fréquents provoquent plus d’effet qu’un gros cadeau exceptionnel.
Pour un homme, il reste très difficile de comprendre que poser des actes inhabituels ou soulageants (faire la vaisselle, ramener un bouquet de fleurs, réparer tout de suite quelque chose qui dysfonctionne) puisse contribuer à la survenue d’une relation sexuelle. Le schéma des trois forces lui montrera que, ce faisant, il parcoure un chemin en direction de l’attraction érotique et favorise alors le mouvement symétrique chez sa partenaire.
La femme a une tâche plus simple, étant donné le fonctionnement masculin. Par amour, il lui faut s’engager vers ce qui stimulera son partenaire : attitudes, vêtements qui laissent voir une partie de sa plastique, sous-vêtements évocateurs d’érotisme (variables suivant le partenaire) ont plus d’effet que de longues discussions romantiques.
Les hommes donnent une prévalence au regard (voir, c’est déjà toucher de loin) cependant que les femmes sont sensibles à la voix et à ses intonations (plus susceptible de laisser place au rêve). Or les femmes craignent d’être vues « pas assez belles », avec tel pli ou tel bourrelet. Il leur faut savoir, en fait, que plus le désir monte, plus leur corps quelle que soit sa conformationapparaît superbe aux yeux du partenaire amoureux. Dans ces moments-là toute crainte ou pudeur peut être abandonnée sans problème : il n’y aura ni mépris ni rejet, mais au contraire un regard plein de gratitude… agréable et libérateur si la femme accepte de le reconnaître. Elle peut accueillir les compliments et savoir qu’ils sont vrais et ressentis, sans se comparer aux modèles des magazines.
Donc chacun des deux, poussés par la force qui le mobilise (Sexe ou Agapè) va prendre le risque de s’engager dans cet espace de l’attraction érotique, qui servira de zone-sas, de rituel de « parade », et qui permettra de passer d’une identité séparée à un vécu de fusion duelle.
Toutefois certains peuvent craindre de s’aventurer dans cette expérience de l’attirance érotique au vu du flou et de l’incertitude qui la caractérise. En effet cette force mélange de nombreux registres et peut s’observer, indépendamment du sexe et du romantisme, dans de nombreuses autres circonstances de la vie. Qu’on pense ainsi à la fascination suscitée par quelques chanteurs ou acteurs, ou par des personnes disposant d’un fort charisme, c’est à dire susceptibles de faire vibrer en nous des cordes émotionnelles ou inconscientes. Il y a là une sorte d’énergie, celle d’Eros, qui nous surprend car nous ne comprenons pas ce qui nous meut et nous émeut alors.
Tant de facteurs nous échappent ici qu’on a pu représenter Cupidon comme un angelot aveugle, dont les flèches partent au gré d’une inspiration non consciente. Qu’est-ce qui suscite donc en nous cette aimantation ?
De nombreux éléments infra-conscients aussi variés que :
- l’état hormonal. Exemple : on fait passer un test à des personnes en leur montrant des planches porteuses de nombreux points de couleur. Sur certaines, une partie des points colorés peut faire apparaître des formes représentant de la nourriture (fruits, poulet). Lorsque les sujets n’ont pas faim, ils ne voient que des points colorés entremêlés et sans forme; lorsque leur appétit est bien présent, ils aperçoivent sans difficulté des formes significatives qu’ils n’avaient pas vues auparavant. Notre état intérieur détermine la perception de certains éléments extérieurs. A noter ce que les études du fonctionnement du cerveau ont révélé récemment : le désir masculin envers une femme met en jeu des zones en rapport avec l’appétit. Le poétique « j’ai faim de toi » serait en somme une expression à prendre au pied de la lettre.
- les aspects partiels qui répondent inconsciemment à nos fantasmes. Une forme de mâchoire, une certaine nuque, tel trait de caractère, évoquent en nous, sans que nous le percevions consciemment, les scénarios liés à notre désir.
- la perception inconsciente de l’état intérieur de l’autre et des enjeux relationnels. Un homme ou une femme libres et désireux de trouver un partenaire sont immédiatement sentis comme tels, même si nous ne les connaissons pas et même si nous ne formalisons pas clairement à notre conscience cette appréciation.
- le jeu des odeurs. On a pu dire que le ballet de la séduction mutuelle était essentiellement une question de phéromones et par conséquent de messages olfactifs réciproques. Il est vrai, là aussi, qu’à un niveau infra-conscient beaucoup de choses se déroulent au profond de notre corps et de notre personnalité. Citons l’observation montrant la tendance des jeunes filles coexistant en internat à synchroniser leurs périodes de règles… évidemment sans l’avoir choisi consciemment… menées par leur odorat.
- des attentes inconscientes en rapport avec le trauma dont nous sommes porteurs. Chacun trouve un charme irrésistible à un certain type de pathologie. Il s’agit là d’une constante si nette que les psychologues cliniciens expérimentés savent parfois poser un diagnostic précis dès la minute où ils ressentent en eux un genre particulier d’attirance, repérée auparavant dans leur propre analyse personnelle.
- la séduction que suscite en nous les personnes susceptibles de reproduire la situation traumatique de notre enfance, comme cela a déjà été expliqué. Le partenaire au profil « traumatique » va susciter nos émois, même si nous ne savons encore rien de ce qu’il est : notre inconscient a perçu en quelques minutes l’état des lieux.
- et peut-être y a-t-il encore bien d’autres éléments infra-conscients qui animent ainsi à notre insu cette impulsion vers l’autre. Pensons aux tenants de la ré-incarnation persuadés que nous retrouvons de vies en vies les partenaires aimés ou haïs précédemment. Même s’il ne s’agit que d’un mythe, il peut illustrer le sentiment d’étrangeté qui nous saisit devant certaines affinités spontanées avec telle personne.
Concluons simplement sur le fait que les deux pôles opposés, sexe / agapè, sont simples et prévisibles, alors que le pôle central nous plonge au contraire dans un vécu traversé de lignes inconscientes où il nous faut renoncer à tout repère sûr.
RESUME
- Le désir surgit pour les femmes dans un contexte de détente (ce qui peut donc demander du temps) alors qu’il émerge au contraire chez les hommes sous forme de tension, et d’urgence. Comment concilier ces opposés ?
- Suivant le schéma des trois forces Sexe – Eros – Tendresse, chacun des deux sexes peut alors rejoindre l’autre en prenant le chemin vers l’expérience d’Eros
- Cette expérience est plus « risquée » car elle amène à supporter une certaine dose de non-savoir sur ce qui nous meut et nous émeut, ainsi que sur ce qui agite l’autre.
Voyons quelques autres dyades contradictoires qui constituent notre croix.
PULSIONS PARTIELLES / OBJET TOTAL
FREUD décrivait l’enfant comme un « pervers polymorphe ». Il voulait signaler ainsi les diverses tendances sexuelles qui agitent l’enfance et qu’on retrouve dans la sexualité génitale adulte. Même si cette définition peut être contestable, l’observation reste pertinente. Pulsion orale : désir de dévorer le partenaire ou bien notre bébé tant aimé ; manger de baisers fébriles, possédé par cette sorte de faim d’amour qui nous prend au ventre. Pulsion anale, pulsion d’emprise : désir de dominer l’autre, le posséder, le serrer dans les bras jusqu’à l’étouffer, etc. Et d’autres pulsions : penchant à voir jusque dans les replis les plus intimes, envie de s’exhiber, etc. Tous ces désirs « partiels » sont des énergies puissantes mais elles ne représentent qu’une part de notre sexualité. Elles doivent passer sous le primat du génital et de l’amour afin de venir nourrir celui-ci comme les diverses rivières se déversent dans un fleuve. Si ce n’est pas le cas, nous aurons affaire au tableau d’une sexualité obsessive, centrée sur une seule partie de l’expérience sexuelle, ne faisant du partenaire qu’un objet partiel. La personne semble soumise à une sorte de drogue, attendant fébrilement de retrouver cet aspect privilégié, faisant de l’Autre l’objet de son besoin.
Voici un patient voyeur. Il lui faut voir des couples en train de faire l’amour, voir son propre sexe en train de pénétrer le sexe féminin, voir des films, des photos, toujours semblables malgré leur apparente diversité. Il ne se sent pas heureux mais mené par une force quasi « démoniaque » en lui, le conduisant à prendre des risques, monter sur les toits la nuit pour tâcher d’apercevoir un couple, etc. En fait il cherche inconsciemment à rectifier des expériences de son enfance où, durant une courte période, il a été confronté à ses parents en train de faire l’amour sans retenue pendant que lui-même couchait dans leur propre lit, faisant semblant de dormir.
Concluons : partagés entre l’énergie des pulsions partielles et la joie d’une reliance totale dans un amour partagé nous avons à faire la synthèse heureuse entre ces pôles.
AGRESSIVITE / SEXUALITE
Ce sont nos deux grands moteurs instinctuels, même s’ils ne forment pas, à eux seuls, la machine complète. Disons que l’un favorise l’union, cependant que l’autre peut contribuer à la désunion.
Or la seule solution viable consiste à accepter le lot des deux pulsions dont nous avons été dotés. En effet écraser l’agressivité diminue la sexualité ; mais freiner la sexualité peut conduire à surenchérir dans l’agressivité. Un homme trop gentil pourra avoir parallèlement une difficulté à s’affirmer sexuellement et ressentir l’impression d’une vie terne, peu colorée, ennuyeuse. Il nous faut lier ces deux pulsions opposées et réussir à ne pas laisser la violence se libérer, contre soi ou autrui, laissant parfois en contrepartie une sexualité dévitalisée.
FEMINITE / MASCULINITE
La seule chose qui nous permette de comprendre notre semblable, de pouvoir nous identifier à lui, de ressentir compassion, bienveillance, lien, empathie, c’est de découvrir en nous-même une partie similaire.
Les entreprises de destruction massive ou de génocide commencent toujours par empêcher l’identification à celui qu’on veut tuer. Les nazis montraient des films où les juifs ressemblaient à des rats. Et l’intégration dans les camps avaient pour but explicite de les transformer en sous-hommes, ou mieux en non-humains (de simples numéros tatoués), qu’on puisse ensuite traiter comme des bêtes nuisibles ou des choses puantes.
Le contraire de ceci est l’identification. Celle-ci constitue le recours humanisant qui nous empêche de devenir destructeurs, violents, ou indifférents. Par conséquent les hommes ont impérativement besoin de reconnaître en eux-mêmes la partie féminine grâce à laquelle ils pourront comprendre et accepter les femmes. Même nécessité, réciproquement, du côté des femmes, bien entendu.
La fusion sexuelle amoureuse permet de perdre ses repères et de faire grandir le sentiment d’identification réciproque jusqu’au point exaltant d’avoir le sentiment de vivre la plénitude, les deux moitiés d’orange enfin réunies. On comprend que certaines approches spirituelles comme le Tantra, passant par le corps et la sexualité, recherchent activement cette sensation de totalité.
Nous avons donc à réunir en nous les aspects Yin et Yang afin d’atteindre la richesse humaine maximale.
FANTASME / REALITE
Comment donner la juste place à ces deux opposés ?
Le fantasme, au sens propre du terme, se présente sous la forme d’un scénario imaginaire, d’un film intérieur doté d’énergie, semblant presque avoir sa propre logique car nous ne le modifions qu’assez peu ; tout au plus nous contentons-nous de changer quelques éléments et de broder sur le thème imposé. On peut le différencier de la rêverie compensatoire, dans laquelle nous avons plaisir à réaliser des désirs dans le genre « je gagne un grand prix ; je m’achète un château, etc », et que nous modifions aisément.
Le fantasme, bien que conscient, possède toute une part immergée qui rend compte de sa « solidité » ou de sa répétitivité. De fait, comme le rêve nocturne ou le rêve-éveillé analytique, il décrit en langage symbolique une problématique de l’enfance non résolue. Ainsi cette patiente qui, bien avant de retrouver le souvenir d’une fellation imposée quand elle était jeune enfant, se culpabilisait de ses fantasmes masturbatoires violents et répétitifs dans lesquels elle collait la bouche d’un homme ligoté et lui faisait subir des violences. Elle se trouvait « folle » d’avoir de pareilles idées, d’autant que celles-ci lui procuraient de l’excitation sexuelle. Mais quand elle eût retrouvé son traumatisme et compris que le fantasme tentait de réparer celui-ci, elle vit ce genre de scénario disparaître, pour être remplacé par d’autres, moins inquiétants à ses yeux.
Au fond le fantasme est à traiter comme un rêve nocturne. Il ne faut ni s’en culpabiliser, ni bien sûr croire qu’il exige d’être réalisé ; mais plutôt chercher à le décoder. Lorsque c’est un fantasme sexuel, veillons à ne pas lui laisser prendre la place du partenaire. Tout au plus, de même que les pulsions partielles, peut-il participer à l’excitation initiale avant de passer sous le primat de l’amour avec la personne réelle. Ce fantasme n’est pas forcément à livrer tel quel au partenaire sauf si ce dernier sait, lui aussi, qu’il s’agit là d’une sorte particulière de « rêve » parlant d’une autre scène et d’autres enjeux.
En résumé : accueillir le fantasme sans lui donner tout pouvoir.
Il est capital, pour l’équilibre psychique, de se sentir en sécurité vis à vis du fantasme, grâce à la certitude que la frontière entre le fantasme et la réalité restera solide. Lorsqu’on est certain que le fantasme n’est qu’un fantasme, on peut se permettre d’accueillir et de psychiser (pour en faire quelque chose) les scénarios les plus invraisemblables de violence ou de sexualité. Par contre si l’histoire d’enfance s’est mal passée, laissant croire à l’enfant que son imaginaire a réellement un effet sur la réalité (surtout relationnelle) alors la peur d’être débordé par les fantasmes se trouve extrêmement présente. Peur de passer à l’acte (réaliser dans le réel le fantasme violent) ou de devenir fou.
La pression sur cette barrière rassurante devient parfois trop forte lorsque la réalité semble se soumettre à nos désirs. Connaître une réussite brutale, ou gagner au Loto, peut se révéler très déstabilisant. On ne compte plus le nombre de stars qui sont devenues déséquilibrées faute d’avoir pu digérer leur réussite. Pourquoi ? Parce que cette illusion d’un fantasme de toute puissance qui se réalise extérieurement déstabilise la sécurité interne : plus moyen de laisser venir, dans un sas de décontamination sûr et reconnu, les pires pensées, apparues là pour formaliser certaines expressions pulsionnelles ou traumatiques, puisqu’on peut croire que les fantasmes vont devenir réalité. Souhaitez donc de ne pas réussir trop vite dans vos entreprises et vos rêves.
Toutefois des fantasmes sexuels peuvent être partagés et mis en scène par le couple à une condition : qu’ils soient très clairement déterminés comme des jeux . Alors le psychisme sait que ce n’est pas « pour de vrai », et que la mise en scène restera délimitée à cet espace et ce temps précis.
RESUME
De nombreuses oppositions internes requièrent notre travail de synthèse créative :
- les pulsions partielles, pré-génitales, porteuses d’excitation / et la richesse d’une relation avec une personne totale
- les pulsions d’agressivité / face aux pulsions d’amour ; toutes deux nécessaires, et devant trouver une relation équilibrée
- la féminité / et la masculinité. Chaque sexe ne peut comprendre le partenaire qu’à condition de reconnaître en soi la part qui s’identifie à l’autre sexe. Pour l’homme, accueillir sa part féminine ; et vice-versa pour la femme
- le fantasme, utile pour comprendre ce qui demande à être entendu / et la réalité, qui doit clairement rester protégée dans son statut « extérieur »
LE CŒUR METAMORPHE
Avec D. WINNICOTT (1896 – 1971), le grand pédiatre et psychanalyste anglais, je dirais l’importance de devenir une vraie personne, en accédant à notre créativité, sans laquelle toute existence est vécue sous le signe de la futilité.
Gérer l’écartèlement, sans nous sentir cloués en croix, suppose le développement et l’apprentissage de ce lieu que j’appelle le cœur métamorphe. Je comparerais celui-ci à la chrysalide.
La chenille, réfugiée dans son cocon, subit une transformation totale : elle perd sa structure et sa forme sans savoir ce qu’elle va devenir, ignorant s’il s’agit de sa mort, sans pouvoir imaginer l’avenir fabuleusement différent qui l’attend à l’issue de tout ce processus. Et bien la créativité requiert la même expérience. Etre vraiment créatif suppose de se laisser travailler par quelque chose en nous qui veut peut-être se dire mais qui ne possède pas une forme déterminée au départ. Rester à l’écoute et ne pas vouloir trop vite structurer ou donner un sens ; demeurer dans l’incertain, avec le côté angoissant que cela suppose ; accepter de s’attarder durant un temps suffisant avec du non-intégré, du non-formalisé ; surtout ne pas se précipiter, mais ne pas non plus trop faire durer car alors le moment « opportun » serait dépassé : toutes ces attitudes réclament une sorte d’esprit chasseur ou guerrier pacifique, doté du courage nécessaire. « L’angoisse de la page blanche » se retrouve dans tous les domaines créatifs : les arts, la recherche mystique ou scientifique, la psychanalyse, le jeu (surtout non structuré). Aller au contact de la partie en nous qui échappe au contrôle conscient, celle que nous trouvons « folle » ou « inspiratrice » ; accepter de plonger dans cette zone floue, où les repères habituels n’ont plus cours, s’apparente à vivre une non-intégration de notre psychisme habituel. Cela ressemble à la désintégration de notre personnalité, sans pourtant en être une.
Tout ceci a des liens directs avec ce que WINNICOTT appelle l’espace transitionnel, visible par exemple dans l’objet transitionnel. Cet objet est le « doudou » de l’enfant, bout de couverture ou nounours dont il ne veut se séparer à aucun prix et qu’il ne faut ni supprimer ni laver même s’il semble délabré, car cet objet a un fonction psychique précise : assurer la transition entre le dedans et le dehors. Il est à la fois une partie de l’enfant et à la fois quelque chose d’extérieur. Ce statut flou demande à être respecté, et instaure la zone créative où les choses sont paradoxalement quelque chose et autre chose.
Cette capacité du cœur métamorphe spécifie notre humanité dans toute sa richesse. Là, au centre de la croix, fonctionne notre processus transformatif, celui qui nous fait accéder à la totalité de notre expérience et à l’épreuve la plus intégrative : vivre c’est créer, en acceptant de plonger dans notre chrysalide, où se côtoient le mental et le Self le moins structuré. Là nous transformons notre personnage en vraie personne et notre vie douloureuse en une œuvre enthousiasmante.
On voit que l’Eros, qui nous fait vivre une étrange alchimie infra-consciente , est une des modalités de ce cœur métamorphe.
RESUME
- D. WINNICOTT nous a montré la voie dans son œuvre : devenir une personne complète suppose d’accéder à notre créativité
- Celle-ci se caractérise par l’expérience de rester suffisamment en contact, dans la chrysalide de notre « cœur métamorphe », avec ce qui veut se dire au plus profond de nous, issu des zones floues et non intégrées de notre psychisme
QUELQUES CONSEILS
Quelques propositions d’exercices, permettant de s’ouvrir à une créativité simple et spontanée. En pratiquant ces petits jeux, vous développerez progressivement l’accoutumance à votre chrysalide.
GRIBOUILLIS
Matériel : feuilles blanches et stylos ; un cahier protège-documents (avec des feuilles en plastique permettant de glisser vos productions)
Temps : un quart d’heure à une demi-heure
- Prenez une feuille blanche et gribouillez allègrement en tous sens
- Apercevez dans ces lignes entremêlées une ou des formes (animales, humaines, etc) et dégagez-les du gribouillis en repassant grassement leurs contours. Ajoutez, au besoin, tous les éléments qui vont permettre de mettre en évidence un dessin relativement cohérent
- Titrez ce dessin, qui apparaît donc visiblement, surgissant du gribouillis.
- Prenez une autre feuille ; gardez le dessin sous vos yeux. Ecrivez, en tête de cette deuxième feuille, le titre trouvé précédemment.
- Puis sans hésitation, sans chercher à faire des phrases compliquées, écrivez très vite l’histoire dont ce dessin est porteur. Laissez vous aller complètement à votre imaginaire, sans trier, sans censurer. L’histoire coule de votre stylo : cela peut être un conte, une nouvelle fantastique, une information journalistique abracadabrante, n’importe quoi.
- Quand l’histoire est terminée… savourez !
- Plus tard, ou bien dans la foulée, cherchez à comprendre en quoi cette histoire raconte quelque chose de votre enfance. Sentez qu’il ne s’agit pas de souvenirs (en général) mais d’un conte symbolique qui relate un épisode, probablement marquant, des expériences et interrogations qui ont été celles de l’enfant que vous étiez.
- Retrouvez, les yeux fermés, les vécus de cet enfant, en rapport avec le dessin et l’histoire que vous venez d’écrire. Vous avez ainsi accès à un morceau supplémentaire du puzzle de votre aventure.
- Datez le dessin et l’histoire. Classez les chronologiquement dans votre cahier à vues. Revenez-y de temps à autre ; vous trouverez alors de nouvelles façons dont ces pièces de puzzle s’emboîtent.
PORTRAIT CHINOIS
Matériel : Aucun
Temps : 5 à 10 minutes Lieu : N’importe où
- Lorsque vous ressentez une émotion, ou que vous avez l’impression que quelque chose se passe sans trop savoir le définir, ou tout simplement pour mieux vous connaître :
- Transposez en images la situation que vous êtes en train de vivre, suivant le principe du « portrait chinois », en commençant par : « si j’étais… qu’est-ce que ce serait ? ». Puis développez la situation à partir de ce postulat de base.
- Exemple : vous rentrez chez vous, le soir, en voiture. « Si j’étais un animal ? Je serais un lapin. Que ressent ce lapin ? Il a un peu peur du monde extérieur et il a hâte de rentrer dans son terrier tout chaud pour trouver ses petits lapereaux » Ou bien : « … il a un peu peur du monde extérieur, mais encore plus de rentrer dans son terrier car il ne sait pas s’il va trouver un renard menaçant ou un lapin doudou » etc
- Vous pouvez « broder » un peu sur l’histoire, commenter, faire un dialogue à deux voix. Puis laissez-vous interroger sur le sens de tout ça. Pourquoi un lapin plutôt qu’autre chose ? Pourquoi tel élément ? tel événement ? tel sentiment ? Qu’est-ce que ça veut dire de ce qui se passe en vous et dans vos relations ?
Vous allez sans doute découvrir des aspects qui n’étaient que vaguement présents à votre conscient jusque là !
LA DIVINITE BIENVEILLANTE
Matériel : Aucun
Conditions : Pouvoir de rêvasser tranquillement pendant ¼ h à ½ heure
Les Romains disposaient d’une multitude de divinités perchées sur l’Olympe, observant les humains. Inspirons-nous d’eux :
- Imaginez-vous très haut dans l’Olympe. Vous êtes une Déesse ou un Dieu calme, sage, et puissant. Prenez le temps de vous emplir de ces qualités et de respirer l’air libre qui existe à cette altitude.
- De là, considérez avec lucidité et bienveillance le petit être humain, là-bas en-dessous, qui est vous-même. Apercevez, avec une vision large, la vie de cet humain depuis sa naissance.
- Repérez les forces et les potentialités dont il dispose.
- Observez les difficultés qui sont actuellement les siennes et laissez venir à votre divine cervelle les secours qui lui sont nécessaires, les solutions ou attitudes adéquates dont il a besoin pour mener à bien le passage qu’est sa vie humaine.
- Soufflez-lui, du haut de votre amour délié de tout souci, les idées qui lui seront utiles, et les conseils éclairés qui sont les vôtres.
- Savourez encore pendant quelques minutes votre séjour à l’Olympe, puis… revenez sur terre !