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le coeur métamorphe - Ecole Aide Psy

LE COEUR MÉTAMORPHE CHAP.3

Jean-Marc HENRIOT Fondateur de l’Ecole AIDE Psy

Réussir sa vie, c’est aussi se donner les chances d’établir des relations heureuses avec autrui et avec nous-même, et bien vivre nos comportements affectifs. Cela suppose un préalable : décrypter notre complexité psychique et émotionnelle apparente. Notre psychisme est constitué de différentes personnalités. Fruit de nos expériences, il abrite aussi l’enfant que nous étions, l’image de nos parents et des figures marquantes de notre histoire, les rôles que nous avons joués… Le cœur métamorphe désigne la possibilité de gérer cette incroyable mosaïque interne, qui détermine nos attitudes et qu’il nous appartient donc d’explorer et d’organiser, pour évoluer. Ce manuel synthétique et pratique expose des notions psychologiques fondamentales et leurs manifestations au quotidien. Exposés clairs et structurés, exemples, résumés et nombreux exercices nous permettent de découvrir notre boussole interne dont le nord magnétique serait l’équilibre émotionnel. Accepter de se voir tels que nous sommes, c’est saisir une occasion de créativité et d’ouverture humaine.

Chapitres

CHAPITRE 3. UNE SOUFFRANCE DE FEMME

Le poids du parent de l’autre sexe

 

Comme souvent, retournons d’abord aux sources de l’enfance afin de mieux comprendre ce qui régit l’adulte.

 

Le bébé, à sa naissance, se trouve déterminé comme garçon ou fille, et cette définition identitaire va influer sur les attentes et les attitudes des deux géniteurs. Lorsque le parent est d’un sexe différent, il lui devient plus difficile de voir ce nouveau-né comme un prolongement de lui-même, destiné à réaliser plus tard ce qu’il n’a pu atteindre personnellement. Pour le père, par exemple, sa fille ne sera pas le garçon qu’il aurait voulu être (ou  pourra malaisément être imaginée ainsi)

 

Du coup l’investissement affectif du parent « oedipien » se révèle moins mélangé à d’autres enjeux. Le parent peut voir le bambin dans son altérité et rêver pour lui d’un futur marqué au coin de sa propre spécificité sexuelle. La déclaration d’amour reçue par la fille prend ainsi une forme plus dépouillée, dont la teneur se dirait : « Telle que tu es, avec le sexe qui est le tien, je t’aime, je te trouve bien, je suis séduit. Plus tard, tu deviendras une femme, avec ses vécus spécifiques qui me sont personnellement inconnus. Je te souhaite de réussir ta propre vie ». Ce message devient un constructeur narcissique fondamental ; l’enfant se sent rempli de ce bon amour distribué sans « conditions » par le parent du sexe opposé.

 

Ce lien positif précoce avec le parent « oedipien » va permettre la construction primaire des fondations de la personnalité, du socle de base sur lequel se bâtiront les superstructures de la maison. « Je suis aimée, aimable, attirante, telle que je suis » s’inscrit en postulat de base. Et à partir de là pourront s’installer peu à peu des certitudes telles que : « J’ai ma juste place, dans un monde bon, j’ai le droit de savourer ce qui est, je peux réussir, etc »

L’absence des pères

 

Mais… voici le problème. Culturellement, et aussi pour d’autres raisons dont nous reparlerons, poussant la mère à garder la place centrale, parfois quasi unique, dans l’éducation des jeunes, la configuration la plus courante sera : un père plutôt absent, consacré à son travail ou à des activités extérieures ; une mère en charge très majoritaire de la progéniture; un enfant qui se trouve en lien quasi privilégié avec la maman.

 

Ceci présente de nombreuses conséquences négatives pour chacun des deux sexes, qui se retrouveront dans les attitudes ultérieures des hommes et des femmes (misogynie des uns comme des autres). Nous allons étudier aujourd’hui surtout ce qu’il en est du parcours des filles.

LES DIFFICULTÉS  DE  STRUCTURATION  DES  FILLES

 

Trois aspects vont peser lourd pour l’élaboration de leur psychisme

 

 

1)   Le faible lien avec le père

 

En gardant le cas de figure décrit plus haut, nous apercevons une situation où la fille voit assez peu son père. Elle a surtout affaire à sa mère. Celle-ci, du même sexe qu’elle, dépose inconsciemment sur sa petite des aspirations en rapport avec son propre parcours : « Deviens la fille merveilleuse que moi-même j’aurais dû être ».

L’enfant reçoit une pression l’incitant à être un prolongement du parent. Elle ressent le manque d’un amour hétérosexué permettant de se trouver aimée, aimable, inconditionnellement, simplement parce qu’elle est une fille.

 

Le poids de cette situation, maintenue au fil de longues années, va produire peu à peu deux conséquences

 

  • La croyance que l’amour est conditionnel. Pour être aimée, il faut être connectée aux expectatives de l’Autre (comme elle a senti les attentes de sa mère sur elle)

 

  • L’homme absent devient idéalisé : on peut forger plus facilement l ‘image d’un prince charmant lorsque celui-ci n’est pas là. La petite fille va « rêver » à l’homme idéal que serait son père s’il était présent, semblable au garçon merveilleux dont lui parlent les contes de fées.

 

Devenue femme son comportement sera donc marqué par ces deux tendances. Mais, derrière elles, gît le sentiment de pénurie, de vide, de creux ; compensé ensuite par l’espoir de remplir cette insuffisance grâce à un compagnon fabuleux, idéal, idyllique.

 

2)   L’absence de visibilité de son sexe

 

Alors qu’elle a déjà peu investi son corps sexué, suite au déficit de présence du parent « oedipien », la petite fille va devoir digérer le fait que son sexe ne se présente pas d’une  façon visible.

 

Elle n’est pas comme le garçon, avec son pénis apparent. Elle ne possède pas non plus ces seins qui affirmeraient sa capacité à rivaliser sexuellement avec sa mère. Elle vit son corps plat et fendu comme n’ayant RIEN ! Rien pour affirmer la gloire de sa propre sexuation. Et ce « rien » la tenaille d’autant plus qu’il vient en collusion avec le vide de père ; les deux carences se conjuguent, et multiplient la certitude d’une faille, d’une lacune.

 

Elle va donc tenter de contrebalancer cette absence d’organe perceptible par un investissement de son corps entier. La « coquetterie » permettra à la petite fille une tentative compensatoire d’affirmation ; cela se retrouvera chez la femme adulte, attentive à ce corps global, dont elle ne sera cependant jamais tout à fait satisfaite. En effet, quoi qu’elle fasse, il lui reste en arrière-plan l’impression persistante que « ce n’est pas suffisant », opinion issue de sa petite enfance dominée par le manque.

 

3)   La position d’insuffisance vécue par tout enfant

 

Garçon ou fille, tout être humain aura vécu pendant de très nombreuses années le sentiment d’être déficitaire, démuni, moins pourvu que les autres : plus petit, plus faible, sans pouvoir. Il faudra une longue période pour compenser cette impression mais celle-ci n’aura pas été impunément dominante pendant si longtemps : quel que soit notre âge, nous vivrons régulièrement des passages marqués par la sensation d’être « trop petit, peu équipé, pas capable, moins avantagé que d’autres, pas à la hauteur (de ce que nous devrions faire) ».

 

Ce vécu va donc venir, lui aussi, renforcer l’impression frustrante que la petite fille éprouve : « Je n’ai pas ce qu’il me faut pour me sentir comblée ; je suis impuissante, livrée au vide, pas assez aimée, pas assez pourvue ».

 

Rappelons, en terminant cette partie, que ce déficit narcissique, fréquent chez beaucoup de femmes, peut concerner toute personne ayant rencontré une situation mal structurante : être né en n’ayant pas le sexe attendu, ou en n’étant pas désiré, ou en venant remplir la place d’un enfant mort auparavant , ou du fait  d’un long temps de couveuse, ou de traumatismes physiques (opérations, par exemple), ou d’une mère dépressive (et donc absente psychiquement), etc, etc.

 

 

RESUME

Trois points concourent, pour beaucoup de femmes, à instaurer un déficit basal :

  1. La rareté du père, qui ne lui permet pas de se sentir  fortement investie par ce parent « oedipien »
  2. L’absence d’une caractéristique de sexuation visible (ni pénis, ni seins)
  3. La position d’impuissance, inhérente à l’enfance

Ces aspects, en se conjuguant, participent à la mise en place d’une impression profonde de vide, de manque.

 

Conséquences négatives

 

  • Là où le garçon privilégie outrageusement certains organes, la fille va compenser en s’intéressant au corps entier, mais en gardant un fond de contrariété à son propos. Si cette irritation est trop forte, la femme risque de s’installer dans une sorte de lutte entre la tête et le corps, avec un surinvestissement de l’intellect, du rêvé, de l’idéalisé. On observe ceci, a minima, dans l’aisance verbale et scolaire qui caractérise beaucoup de filles non encore pubères. Et au maxima dans le cas de la jeune fille ou de la femme anorexique, si « brillantes », si éloignées des appétits corporels et instinctuels.

 

  • L’attente ardente d’être vue-reconnue-investie par le père, va se transférer ensuite sur l’espoir de ce qu’amènera enfin « l’homme de sa vie ». Outre le risque d’une trop grande dépendance possible, nous trouvons là l’origine des deux comportements que nous allons étudier:

 

a)  L’Entreprise de Perfectionnement (EP) consistant à tout faire pour que le partenaire devienne conforme à  l’image idéale attendue

 

b) ou la tendance à Faire Plaisir (FP) supposant de s’oublier le plus possible, dans l’espoir de susciter finalement chez l’autre cet amour immense et nécessaire

 

  • La mère possédait une particularité corporelle, les seins, qui déséquilibrait la lutte oedipienne. Le corps de la mère est plus différent pour la petite fille, que celui du père face à son fils. Il y a un « en plus » chez la mère, qui donne le ressenti d’un « en moins » pour la fille. Il en découlera une certaine tendance à la jalousie entre femmes. Ainsi la rancoeur masculine, lors d’un moment d’infidélité, est un peu différente du vécu féminin. L’homme sera préoccupé d’abord par le fait que sa compagne lui échappe, lui à qui la première femme, sa mère, n’a pas fait défaut ; ensuite seulement il songera aux caractéristiques de l’autre homme. Alors que l’épouse trompée sera habitée par la rage contre l’autre femme, se demandant ce que cette autre, comme sa mère, peut bien avoir de mieux qu’elle.

 

  • A partir de l’adolescence puis de la majorité, la fille peut enfin se lancer dans l’arène de la séduction et de la rivalité oedipienne ; et donc se renarcissiser fortement. Mais, si elle a ainsi la possibilité de construire des superstructures satisfaisantes, il n’en reste pas moins que l’incertitude identitaire préalable perdure, sous-jacente. Cela se manifeste, chez l’adulte, par de régulières chutes de valeur. Reprise par le sentiment de vide, de manque, la femme va basculer dans une zone de souffrance et d’impuissance qui demeure présente en elle, comme un pli de son enfance.

 

Ces chutes inattendues peuvent apparaître, surtout aux yeux des hommes, comme d’incompréhensibles fluctuations d’humeur féminine. En fait il s’agit de la souffrance du manque, qui trouve moyen de se glisser dans les interstices de la situation du moment, même si celle-ci semble apparemment bonne. « L’enfant » douloureuse vient perturber le vécu de « l’adulte » actuelle.

 

Cette volte-face d’état d’âme prend fréquemment les formes suivantes :

1) légère (ou forte) déprime

2) ou bien : courroux relationnel pour éviter de déprimer (agresser l’autre permet de dériver sur l’extérieur la hargne que l’on ressent envers soi-même)

3) ou bien : mise en oeuvre d’un moyen pour boucher le Vide (prise de nourriture compulsive ; nettoyage ménager intensif…)

 

En réalité la meilleure manière de sortir de l’attraction par ce fond primaire, ce stigmate d’enfance, cette incertitude identitaire, c’est de se sentir  « comprise, vue, reconnue, aimée ».

 

Pour terminer nous rappellerons que la conséquence la plus délicate à gérer, autour de laquelle nous allons encore tourner, se trouve dans cette attente ardente d’un homme (et à travers lui d’un monde) idéal. L’ex-petite fille va escompter de l’environnement adulte, désormais atteint, qu’il soit enfin capable de la combler ;  elle est prête à déployer éventuellement d’énormes   efforts   pour   que  le  réel   extérieur  corresponde à son rêve intérieur.

 

 

RESUME

 

A l’adolescence, la jeune fille pourvue désormais d’un corps comparable à celui de la mère peut enfin se lancer dans la rivalité oedipienne et se renarcissiser.

 

Mais le premier vécu, celui de l’enfance impuissante et démunie, persiste en couche sous-jacente. Ceci engendre deux conséquences :

 

  1. une attente « idéale » qui reste très présente au cœur de la fille nichée dans la femme adulte. L’inconscient proclame que l’homme et le monde devront être à la hauteur de ces aspirations pour qu’enfin ce vide, cette transparence, cette absence se trouvent obturés
  2. des chutes d’humeur, correspondant à la culbute dans la brèche du manque, qui est rarement tout à fait guérie (mais cependant apaisée, par période, comme pendant la grossesse)

 

Souffrances liées à l’attente idéale    

 

Lorsqu’on est toute pleine de rêves et d’espérances idéales, qu’on imagine le bien-être découlant uniquement de cet objectif absolu, alors la réalité dans laquelle on vit ne pourra jamais être satisfaisante. La femme régie par ces espoirs merveilleux sera donc forcément souffrante. Son vécu passera par les formes suivantes :

 

  • la présence forte de la déception, accompagnée d’un sentiment d’insatisfaction permanente tant vis à vis de l’autre, que de soi-même, de son corps, de sa vie, de sa manière d’être. Où que le regard se pose, tout rappelle que l’idéal tant attendu n’est pas au rendez-vous.

 

  • Il en découle une grande difficulté à savourer le réel et à vivre le présent. Cette douleur se manifeste par une poussée interne forte qui cherche à s’exprimer. Comment se libérer de cette déchirure, de cette frustration fébrile ? Cette pression va se traduire de diverses manières suivant les personnes :

 

–     Rumination. La tête essaie frénétiquement de « comprendre » pourquoi le réel ne se plie pas à ses désirs. Une cogitation qui porte sur chaque petit détail décevant (tous bien mémorisés) et dont on ressort épuisée… sans aucune solution, naturellement.

 

–    Une tension émotionnelle élevée amenant une affectivité à fleur de peau : tout fait réagir, et les humeurs sont mouvantes et aiguës

 

–      Des troubles psychosomatiques variés : le corps sert de drain à cette énergie comprimée

 

–   Une difficulté générale à se relaxer. Ceci vient troubler, à terme, la possibilité d’une sexualité pleinement épanouie, car la détente se révèle nécessaire à la femme pour permettre le laisser-aller propice aux sensations et au plaisir

 

  • des conséquences relationnelles : le conjoint, face à cette faim inapaisée, cette nervosité, ces vécus affligeants, pense qu’il n’est pas à la hauteur, et que tous ses efforts ne la rendront pas heureuse. Il se décourage, se replie. Ceci enclenche un cercle vicieux : face à cette démoralisation et ce recul, la contrariété de la femme augmente, suite à quoi l’homme se désespère et reflue encore plus (par exemple vers son travail)…

 

Endurant ces souffrances, la femme se trouve alors face à deux tentations contradictoires :

 

a) forcer le réel à s’adapter à l’archétype rêvé (Entreprise de Perfectionnement)

 

b) se nier, se faire disparaître dans ces désirs « dérangeants » et s’adapter à tout prix (Fais Plaisir. FP) dans l’espoir d’atteindre le but magnifique.

 

 

L’entreprise de perfectionnement

 

Premier niveau

 

Celle-ci s’appuie sur une idée fausse : « lorsque l’autre s’ajustera à mes attentes idéales je me sentirai enfin bien ». C’est en fonction de cette croyance que vont se mettre en route les tentatives de transformation. Celles-ci vont se manifester dans les formes ci-dessous :

 

  • critiquer les actes, comportements, idées, expressions, attitudes du compagnon, qui ne correspondent pas au modèle attendu. De grands secteurs vont ainsi être sujets de mise en cause, puisque personne ne peut devenir exactement approprié aux désirs d’un autre . Au départ toute cette opération émane pourtant d’un très bon sentiment : aider son mari à s’améliorer, aider le couple à mieux fonctionner, afin que la vie soit belle et heureuse.

 

  • mais ça ne marche pas, car l’être humain, plus particulièrement de genre masculin, montre une fâcheuse tendance à résister aux pressions destinées à le faire changer. Ainsi, ne voyant pas l’autre se modifier (et même, au contraire, il se braque) la femme E.P. va tenter de lui faire exécuter directement ce qu’elle souhaite. Elle se met donc à le commander . Elle lui indique de plus en plus : ce qu’il doit faire (y compris dans sa manière de conduire, dans l’itinéraire adopté, etc), ce qu’il doit dire (au téléphone, lors des rencontres avec les amis, etc), ce qu’il aurait dû énoncer ou réaliser (pourquoi a-t-il donc oublié telle chose ? il aurait dû penser à cela, faire ceci, s’y prendre de telle façon), etc, etc.

 

  • enfin, comme ces ordres ne produisent guère de résultats, l’escalade supplémentaire consiste à vérifier, à contrôler  ce qu’effectue le conjoint, et plus particulièrement dans les secteurs investis par la femme : la maison, la famille, les enfants. A-t-il mis ses chaussures à l’endroit prescrit ? a-t-il réparé ce qu’il fallait remettre en état ? etc.

 

C’est au nom de la vision pré-établie, interne, propre à elle-même, sur ce que devrait être chacun de ces aspects (maison, famille, etc) que la conjointe « Entreprise de Perfectionnement » critique, commande, contrôle.

 

 

DEUXIÈME NIVEAU

 

Peu à peu il se révèle nettement que ce système ne fonctionne pas : l’amour résiste mal à une pareille ambiance, les conflits et amertumes deviennent plus fréquents, la sexualité se raréfie ou apparaît moins bonne. Mais alors pourquoi l’E.P. continue-t-elle malgré tout sur sa lancée ? C’est que, progressivement, se cristallisent des « bénéfices secondaires ».

 

1) Quand on critique, commande, contrôle, on est située, face à l’autre, en position parentale et plus spécialement, en l’occurrence, suivant l’image d’un parent normatif. Il y a du plaisir à être ainsi en situation « haute », et une partie intime de soi-même est ainsi apaisée. Le pouvoir est une des tentatives habituelles, chez nous tous, pour compenser vulnérabilité, manque, souffrance.

 

Ainsi la compagne va découvrir la jouissance secrète et rassurante d’être le parent de son homme.

 

2) Avoir quelqu’un à critiquer soulage la personne de son propre négatif interne. Le mauvais est « projeté » à l’extérieur. Cela détermine progressivement un « jeu », dans lequel la tension interne est vidée grâce aux reproches faits à l’Autre. Quel soulagement d’avoir un « responsable » de ce qui ne va pas . Chaque problème (avec la pression du manque qu’il pourrait réveiller) est ainsi déchargé : l’agressivité envers le conjoint sert d’évacuation.

 

3) A la limite, ce système peut devenir un véritable organisateur de vie : « Sans Toi (et tes manques, tes défauts, tes exigences, etc) je pourrais faire telle chose, devenir telle personne, réaliser telle grande action ». Ce leitmotiv présente l’avantage d’éviter de prendre sa vie en mains, sous prétexte qu’on ne pourra se réaliser que lorsque le partenaire… sera devenu complètement différent de ce qu’il est.

 

La souffrance, désormais attribuée à la faute de l’autre, à l’extérieur, ne peut plus être perçue et donc traitée au lieu où elle s’origine, c’est à dire à l’intérieur même du fonctionnement psychique

 

 

Conséquences relationnelles de l’Entreprise de Perfectionnement

 

Outre la diminution de l’amour et de l’entente mutuelle, l’E.P. aboutit au résultat exactement inverse de celui qu’elle recherchait. Elle voit son mari devenir de plus en plus immature, peu concerné, absent, ou bien à l’inverse agressif, dominateur.

 

La raison en est simple. Lorsqu’un des membres du duo s’installe dans une place de « Parent », il induit que l’autre se mette en position complémentaire, c’est à dire en situation « Enfant ». Il est à noter que les personnes très parentales (observez cela dans le milieu de travail) se plaignent d’être entourées d’irresponsables.

 

Face à sa femme-Parent-critique, l’époux évoluera vers Enfant rebelle, ou Enfant soumis.

 

  • L’Enfant rebelle manifestera sa révolte par des passages à l’acte (dans beaucoup de cas l’infidélité constitue plus une question narcissique que sexuelle ; l’infidèle va récupérer ailleurs sa propre valeur)
  • L’Enfant soumis va devenir passif et immature. Il fuit dans des préoccupations un peu infantiles (un hobby inoffensif, par exemple). Son désir sexuel chute à grande vitesse. Il a des maladies psychosomatiques (asthme, ulcère, problèmes de peau).
  •  Le transfert négatif réveille une image maternelle étouffante, accompagnée du sentiment d’être contrôlé et diminué. L’homme se sent transformé en « vilain garçon qui ne fait pas plaisir à maman ».

 

Parfois, persuadé de subir ainsi une grande violence morale, il réagit par la violence physique; ou bien il utilisera son sexe en tant qu’arme de domination et non comme un vecteur d’amour.

 

RESUME

 

Attendant que sa vie et son homme soient conformes à une vision idéale, la femme va de déception en insatisfaction. Elle tente alors d’adapter la réalité à son propre dessein, et va se lancer dans une tentative pour perfectionner ce qui l’entoure et plus spécialement son compagnon.

 

Devant l’échec de ses premières critiques et remarques, elle franchit ensuite des niveaux supplémentaires : elle commande, contrôle, s’installe en position parentale. Le résultat est à l’inverse de ses attentes : dégradations des relations, attitudes infantiles de son mari, violence larvée entre eux deux.

 

 

La femme « Fais Plaisir »

 

Elle, tout au contraire, va s’efforcer de se transformer personnellement, mais dans un sens aussi radical que l’E.P. : en se faisant presque disparaître.

  •  Menée par une injonction interne (« Fais plaisir, mets de l’huile dans les rouages, sois diplomate, ne pense pas à toi ») elle va choisir une ligne de conduite : faire passer tous les autres avant elle-même, mari, enfants, famille, environnement, etc. Le mythe, à l’origine de cette attitude, se dit : « si je n’agis qu’en fonction des autres, on m’aimera enfin »
  • En quoi cette idée représente-t-elle un mythe ? C’est qu’en vérité moins on se respecte soi-même, moins on est respecté. Si je ne tiens aucun compte de mes désirs, ou des limites que je devrais poser, j’habitue les autres à ne pas en tenir compte non plus. Ainsi plus F.P. s’efface, évite de sentir ce qui, en elle, serait contradictoire avec le désir des autres, plus l’entourage s’habitue lui aussi à ne plus tenir compte d’elle.

–    Elle se montre de plus en plus gentille, évitant conflit et opposition ; et l’entourage devient de plus en plus ingrat

–    Elle se voit bientôt traitée comme la cinquième roue du char (elle-même se plaçant en toute dernière ligne de la liste des choses auxquelles il faut penser). On attend qu’elle soit naturellement au service de chacun.

–     Bientôt l’amour pour elle diminue. En effet elle ne se positionne plus comme une vraie personne, une femme, un sujet avec ses propres désirs, particularités, son style ; elle est devenue transparente, fonctionnelle. Qui peut être amoureux d’une fonction, invisible et lisse ?

 

  • Au total F.P. aboutit ainsi à l’inverse exact du but recherché. Non seulement elle n’a pas suscité l’amour attendu, mais au bout du compte elle est fréquemment « jetée comme une vieille chaussette », ou trompée abondamment.
  •  Elle éprouve pourtant une forte agressivité, mais celle-ci est immédiatement refusée. FP attend que, en retour de tous les efforts qu’elle fait, l’autre devine son désir et se charge lui-même alors d’en tenir compte. Ce n’est pas ce qui arrive : elle donne le modèle de quelqu’un qui renie ses propres aspirations, et le partenaire applique le plan qu’elle lui a montré. Mais elle est blessée que son compagnon reste indifférent à ses envies et limites: déçue, déchirée, en colère, elle refoule ces sentiments. Habituée à ne pas tenir compte d’elle-même, elle arrive sans peine à nier ces pénibles impressions. Celles-ci s’enfouissent donc encore plus : intérieurement stagne une poche d’amertume, de déconvenue, d’indignation, de douleur, sans qu’elle s’en rende compte, et ceci risque de déboucher sur une grosse somatisation ; ou une méga-déprime quand son conjoint l’aura quittée de vilaine façon.
  •  FP est assez facilement boulimique. Le côté guilleret et jovial des grosses s’explique par le fait que le mécanisme d’enfouissement fonctionne à plein. La nourriture vient massivement occulter les clameurs internes. L’enfant intérieure, ayant la bouche pleine, ne peut plus faire entendre ses cris et ses pleurs. Quel soulagement… en apparence.

 

Notons que la boulimie peut se manifester dans toute structure où existe un puissant manque, et où la personne veut éviter de le ressentir.

 

Le problème des boulimiques, comme des F.P., c’est que le mécanisme fonctionne trop bien. Pour sortir de leur difficulté, il leur faut paradoxalement commencer par se sentir plus mal en écoutant leurs cris de souffrance internes.

 

Au total, on pourrait dire que E.P. comme F.P. adhèrent à des croyances fausses qui sont les pierres angulaires sur lesquelles s’établit tout un système destructeur :

 

Fausse attente :

 

E.P. : il faut que l’autre se perfectionne, pour que j’arrive à me sentir bien

 

F.P. : si je ne tiens compte que de l’autre et pas de moi, je serai enfin aimée

 

Fausse croyance :

 

L’homme que j’aime ne répondra pas à mes besoins (cf. père)  Ceci se renforce ensuite par le fait que ces besoins demeurent inexprimés (F.P.) ou sont mal présentés (E.P.) et ne peuvent donc pas trouver un répondant suffisant.

 

Faux problème :

 

E.P. : dériver le problème sur l’autre, au lieu de le traiter en soi (« Sans Toi »)

 

F.P. : comment mieux faire pour l’autre ? au lieu de se respecter soi-même dans son propre parcours de vie.

 

E.P. et F.P. sont deux perspectives contradictoires : manipuler l’autre pour qu’il change ; ou ignorer son propre soi au profit de l’autre. Une troisième voie représente la seule sortie. C’est celle-ci que nous allons évoquer dans ce chapitre et dans d’autres

 

RESUME

 

« Fais Plaisir » pense qu’en se niant elle-même au profit de l’autre, elle sera enfin aimée et appréciée comme elle le désire.

 

Elle récolte exactement l’inverse : moins elle se respecte, moins elle permet que son entourage la respecte. Au lieu d’être aimée, elle devient un objet fonctionnel, utile, qu’on voit de moins en moins.

 

Douleur et colère face à cette situation sont elles aussi enfouies et refusées. Il y a un risque final d’éclatement sous forme de maladie (ou de cracking psychique). La boulimie se manifeste de façon assez courante.

 

QUELQUES  CONSEILS

 

Préalable

Nous disposons de deux moteurs, pour avancer vers notre plus grande réalisation : un à l’arrière, qui nous pousse à sortir d’une situation douloureuse, un à l’avant qui nous tire vers le désir d’une vie meilleure.

 

L’être humain, avec ses deux moteurs, et s’il réussit à les mettre en route en même temps, jouit d’une puissance spectaculaire. De nombreux cas peuvent en attester. Pensons à l’aviateur GUILLAUMET, échoué dans la Cordillère des Andes, et réussissant contre tout pronostic à s’en sortir ; sa fameuse phrase nous le rappelle : « Ce que j’ai fait, aucune bête au monde ne l’aurait fait ».

 

Comment faire fonctionner ces deux moteurs en même temps ? Voici brièvement leur mode d’emploi :

  • Moteur avant : c’est le plus connu, et beaucoup en ont entendu parler. Il s’agit de visualiser très distinctement ce qui est attendu, de s’en imprégner ; puis de fixer des étapes pour atteindre ce but; enfin de commencer à ressentir intérieurement le sentiment d’avoir déjà atteint la cible. A noter que tout ceci suppose d’être clair sur ses propres désirs (au contraire de F.P.)
  • Moteur arrière : beaucoup moins connu, et pourtant extrêmement puissant. Il importe d’abord et avant tout de voir le plus à fond possible la situation déplorable, douloureuse ou pénible. Il faut en sentir franchement la morsure et accepter de demeurer avec tous les sentiments désagréables qui y sont liés. Alors seulement va naître en nous une force de changement, un ras le bol issu des tripes, qui véhicule une véritable énergie (très supérieure à la décision volontariste, mentale, à base de « il faut que je change »). Porté par cette ardeur, nous nous sentons soulevé par une vague considérable ; et le moteur avant peut accentuer et orienter celle-ci vers notre meilleure réalisation.

 

A la lumière de ces explications, on comprendra pourquoi ce livre propose fréquemment de voir ce qui ne va pas et de rester avec cela, sans vouloir le changer trop vite.

 

Le négatif ne doit pas être refoulé, sous peine de le pérenniser dans l’inconscient, et de perdre l’impact du moteur arrière. « Positiver » d’une façon automatique, pour éviter de voir et de sentir le négatif, est donc contraire à cette perspective.

 

Conclusion : ne cherchez pas à « amortir » les propositions écrites ici, quand elles vous conduisent à ressentir plus de douleur.

 

Conseils à l’Entreprise de Perfectionnement

A noter : si vous ne vous situez dans aucune des deux catégories (E.P. ou F.P.), vous avez intérêt malgré tout à essayer de pratiquer les exercices ci-dessous.

 

Pendant une semaine

  • Observez chaque jour tous les mots critiques et toutes les phrases ayant une tournure impérative (même si vous trouvez que « cela, ce n’est pas vraiment un ordre ou une injonction »). Faites attention à repérer les exemples les plus minimes. Et notez avec autant de précision le ton de voix que vous adoptez. Surtout ne changez rien dans vos attitudes, durant cette semaine, et continuez comme à l’accoutumée, même quand le fait de se voir critique et agressive peut vous donner envie d’arrêter.
  •  Chaque fin de journée, prenez un moment pour y repenser, et posez-vous les questions suivantes :

–  que ressentirait une amie à qui je parlerais ainsi ? comment réagirait-elle ? comment évoluerait notre amitié ?

–  que ressentirais-je moi-même si une amie se comportait ainsi avec moi ?

–  en quoi est-ce que je ressemble à quelqu’un quand je fais ainsi (ma mère, en particulier) ?

  • Nous sommes ici exactement dans la mise en route du moteur arrière. Par conséquent n’évitez pas les sentiments négatifs qui vous viendront : dégoût, déception, angoisse, inquiétude, amertume, etc. Restez-avec !

Si votre réaction emprunte le chemin habituel, en cherchant à vous reporter sur votre conjoint (« Pourquoi est-ce à moi de faire ce travail ? Lui, il devrait encore bien plus observer ses défauts ! » etc), revenez à vous-même. Vous pouvez vous soutenir en constatant que se focaliser sur l’autre est bien la stratégie défensive évoquée précédemment.

 

Pendant 15 jours (ou 3 semaines)

 

1)  Désormais vous allez vous abstenir de toute critique et de tout ordre, tous les jours

 

2)  Quand c’est vraiment trop dur, que cela vous brûle la langue, notez sur un cahier la critique ou l’ordre que vous avez envie d’exprimer. Eventuellement téléphonez à une amie, et faites vous soutenir par elle durant cette période. Soulagez-vous auprès d’elle de votre colère et de votre inquiétude (« mais où est-ce que ça va nous emmener ? tout ça va aller à vau-l’eau ! »), après lui avoir demandé explicitement de vous aider cependant à tenir le coup dans votre expérimentation.

 

Cherchez tout ce qui vous permettra de continuer à vous retenir et à appliquer le point numéro 1 . Eventuellement allez vous défouler, faites du jogging, allez chez l’esthéticienne, ou au stretching…

 

3) Observez le désarroi et la peur qui sont là, en vous , qui sont les vôtres dès que la position de pouvoir n’est plus adoptée.

 

4) Rappelez-vous des bons souvenirs du début de la relation. Et souvenez-vous des aspects que vous aimez et qui vous touchent chez votre conjoint. Le but est de se remémorer que cet homme est autre chose qu’un enfant à contrôler ou éduquer. Après tout ne réussit-il pas à être apprécié et reconnu dans son travail ou ailleurs ?

 

5) Dans la journée, observez ce qui est appréciable dans le comportement de votre compagnon et félicitez-le (au moins une félicitation par jour). Ne vous freinez pas avec des considérations telles que : « Oui, c’est bien, mais après tout c’est tout à fait normal qu’il le fasse ».

 

6) Stimulez-vous journellement avec la question suivante (moteur avant) : « Est-ce que je préfère gagner la guerre ou bien rétablir l’harmonie et la joie dans ma vie de couple ? »

 

7) Soutenez-vous, en vous offrant à vous-même de bonnes choses ou de bons moments. Ce point est très important car il permet de développer votre propre capacité à vous donner du bon et à vous occuper de votre vie.

 

8) Rassurez votre partie résistante en vous disant que, après tout, ce n’est qu’une expérience sur un temps délimité

 

9) Observez si quelque chose change dans l’ambiance amoureuse entre vous

 

Ultérieurement

Il s’agira de :

 

1)   Apprendre à vous donner la réassurance nécessaire et à devenir une « bonne mère » pour vous-même

2)  Apprendre à dire sans pression vos désirs et vos limites

 

Nous verrons cela en détail par la suite.

 

Si vous êtes le conjoint d’une E.P.

  •  Quand les critiques, les conseils, les ordres, les reproches pleuvent :

 

  • Représentez-vous le jour où elle tentera de gérer ses blessures autrement qu’avec l’Entreprise de Perfectionnement. Sentez comment elle aura, à ce moment-là, besoin de votre aide et de votre soutien.

 

  • Vous aussi, rappelez-vous quelques bons moments du début de la relation. Et souvenez-vous des aspects que vous aimez et qui vous touchent chez votre compagne. Visualisez précisément certains souvenirs très doux ou très excitants. Et savourez-les quand vous avez subi un tir de rafale intensif, afin de vous réconcilier intérieurement avec elle. Le but est de vous rappeler que cette femme est autre chose qu’un parent critique.

 

  • Regardez les parties de son corps qui vous émeuvent.

 

 

 

Conseils à « Fais Plaisir »

 

Préambule

  • Votre situation est nettement plus difficile à dénouer. En effet, comment mettre en route le moteur arrière quand tout dans votre comportement a été mis au point pour éviter de ressentir votre négatif. On peut noter ainsi :

 

–    les apparents bénéfices de F.P.    Les autres n’ont pas l’air de se plaindre…

 

–    l’habitude de nier votre propre vécu. La phrase suivante doit avoir un petit air connu pour vous : « Moi, mon vrai désir, c’est justement de faire plaisir », sous-entendu : « et je ne veux pas vraiment tenir compte d’autre chose »

 

–    les résistances à remettre en cause F.P. : « On ne va pas améliorer notre couple si je remarque ce qui va amener des divergences, des conflits, ou même des querelles ». Pour vous il est impensable que des disputes régulières et modérées puissent être utiles à un couple.

 

–    les systèmes pour essayer de « positiver » et de ne pas ressentir souffrance et déception

 

  • Or changer, pour une qualité de vie très supérieure, passe d’abord par la « filière » du négatif (on parle de la filière de la naissance, passage douloureux indispensable pour que puisse advenir une nouvelle vie). Pour vous décider à vous lancer dans cette aventure de changement, il s’agit de :

 

–     Voir le prix payé (moteur arrière) quand vous maintenez F.P. : sentiment de déréliction et d’absence de sens à votre vie, impression d’immaturité, d’impuissance, de faible réalisation. Et retours d’ingratitude, déjà reçus ou qui viendront dans le futur.

 

Enfoncez-vous dans ce prix payé, jusqu’à la nausée. Imaginez ce que dirait une amie intime qui voudrait vous faire comprendre que F.P. est un très mauvais choix de vie. Relisez ce qui est dit dans ce chapitre et pénétrez-vous des vérités qui vous concernent.

 

–    Entrevoir la richesse d’une vie dans laquelle les deux sont à égalité et se soutiennent mutuellement pour la meilleure réalisation de chacun. Rêvez ce futur (moteur avant), tout en sachant qu’il n’adviendra que si vous décidez fortement de sortir de F.P.

 

 

Conseils pratiques

 

1) Tous les jours entraînez-vous à faire plus attention à vos goûts et à vos dégoûts. Il s’agit de développer la polarisation de votre boussole interne : pôle Nord, pôle Sud ; ce que vous aimez, ce que vous n’aimez pas.

 

Ceci passe par une interrogation fréquente à propos des moindres petites choses : est-ce que je mange ceci par plaisir ou par habitude ? est-ce que je m’habille de telle façon parce que c’est vraiment mon choix ? est-ce que la sortie (ou au contraire la non-sortie) proposée par mon mari me tente vraiment ? etc, etc

 

Attention : ne changez rien dans vos habitudes. N’exprimez pas que vous préférez ceci et que vous n’aimez pas cela. Par contre, développez intérieurement, en vous, ce repérage : ça j’aime ; ça je n’aime pas.

 

2) Amplifiez intérieurement (et sans les extérioriser) les émotions habituellement refusées (peur, tristesse, dégoût, déception, amertume) et surtout la colère. Comme vous ne la ressentez probablement pas beaucoup, repérez quand il y a en vous un « léger agacement » et dites-vous qu’en fait il existe, là-derrière, une colère, qui elle-même masque peut-être une vraie rage. Tirez sur ce fil jusqu’à ce que vous ayez senti et compris que votre colère est bien là, sous ce « léger agacement », et qu’elle est légitime.

 

3) Envisagez de vous faire soutenir par un thérapeute, ou un groupe de développement personnel, ou un cercle de femmes, avec le but de donner plus de valeur au respect de soi-même et à la mise en place d’une bonne mère interne envers vous-même.

 

Pourquoi vous est-il nécessaire de recevoir un soutien ? Parce que toutes ces démarches de changement vont vous apparaître « égoïstes » et à mille lieues, semble-t-il, de ce que vous voulez… Or il vous faut découvrir que c’est paradoxalement de ce côté-là que se découvrira une vie personnelle et amoureuse beaucoup plus riche en réalisation.

 

 

Si vous êtes le compagnon d’une F.P.

  • Pour vous aussi, c’est difficile car la situation a l’air d’être confortable… Observez cependant le mur d’ennui qui s’établit progressivement. Votre vie conjugale n’est plus enrichie par les différences. Voulez-vous vraiment vous enfoncer dans une vie de plus en plus terne ? (moteur arrière)

Si vous choisissez de transformer cette vie-ci (plutôt que d’avoir des aventures), il va vous falloir participer à

l’évolution de votre femme.

 

  • Laissez-vous rêver à une relation conjugale bien plus stimulante, et émouvoir par l’idée d’aider votre femme à devenir une vraie personne.

Incitez-la régulièrement à faire des choix pour vous deux, à dire son opinion, et (c’est là le plus dur) pliez vous régulièrement à ces choix ou opinions. Après tout qu’est-ce qui est important : dominer un terrain habité par des ombres, ou sentir le souffle d’une vie variée, riche, pleine ? Ce dernier point ne pourra advenir que lorsque vous aurez su aider votre femme à devenir une personne  entière.