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le coeur métamorphe - Ecole Aide Psy

LE COEUR MÉTAMORPHE CHAP.12

Jean-Marc HENRIOT Fondateur de l’Ecole AIDE Psy

Réussir sa vie, c’est aussi se donner les chances d’établir des relations heureuses avec autrui et avec nous-même, et bien vivre nos comportements affectifs. Cela suppose un préalable : décrypter notre complexité psychique et émotionnelle apparente. Notre psychisme est constitué de différentes personnalités. Fruit de nos expériences, il abrite aussi l’enfant que nous étions, l’image de nos parents et des figures marquantes de notre histoire, les rôles que nous avons joués… Le cœur métamorphe désigne la possibilité de gérer cette incroyable mosaïque interne, qui détermine nos attitudes et qu’il nous appartient donc d’explorer et d’organiser, pour évoluer. Ce manuel synthétique et pratique expose des notions psychologiques fondamentales et leurs manifestations au quotidien. Exposés clairs et structurés, exemples, résumés et nombreux exercices nous permettent de découvrir notre boussole interne dont le nord magnétique serait l’équilibre émotionnel. Accepter de se voir tels que nous sommes, c’est saisir une occasion de créativité et d’ouverture humaine.

Chapitres

CHAPITRE 12. MALHEUR, BONHEUR

Pour le dernier chapitre de ce livre, je vais essayer de faire un  survol de ce qui, à mon sens, nous rend malheureux, ou bien au contraire nous assure le bien-être. Nous allons l’aborder à partir de deux points de vue : celui de nos besoins d’une part, celui de notre mode de fonctionnement interne et relationnel d’autre part.

DU POINT DE VUE DE NOS BESOINS

 

Les sources de souffrance

 

Quelles sont les origines les plus habituelles de notre douleur psychique ? Elles se situent dans quatre registres : nos besoins insatisfaits, nos attentes déçues, les traces traumatiques de notre enfance, notre attachement à la souffrance.

 

 

Besoins insatisfaits

A. MASLOW a établi une pyramide des besoins, qui se présente de la manière suivante :

 

L’idée est la suivante : chacun des paliers de la pyramide ne peut être atteint que si l’étage précédent se trouve suffisamment satisfait. Ainsi lorsque les besoins physiologiques de base (manger, dormir, etc) se situent au premier plan, le reste prend peu d’importance à nos yeux. A un niveau plus sociologique on peut constater que les pays sous-développés ne se préoccupent guère de la pollution de l’environnement. Peu importe, en Chine, qu’une majorité de fleuves soient pleins de produits chimiques, priorité à la survie.

 

On voit qu’on ne peut espérer un changement d’attitude que lorsque le besoin précédent dans la pyramide aura été assez rassasié. Difficile d’envisager, par exemple, le « meilleur accomplissement de soi » si l’on n’a pas auparavant trouvé des sources « d’estime » aussi bien à l’intérieur de soi (c’est à dire à ses propres yeux) que dans le regard d’un certain nombre de gens importants pour nous, eux-mêmes liés à nos « affiliations ».

 

Notons que surcharger de stimulations un des stades de la pyramide ne satisfait en rien le palier suivant. Nous découvrons ici un risque, celui de renforcer une satisfaction (par exemple surenchérir dans nos besoins de sécurité ou dans notre quête d’estime) en espérant ainsi atteindre le bien-être, alors que la préoccupation devrait être de s’occuper du niveau suivant. D’où le paradoxe : saturé de marques d’estime, ou bien de réseaux relationnels d’affiliation, ou encore de garanties de sécurité, etc, je ressens pourtant une impression de manque. C’est qu’il me faut passer désormais à un autre type d’action, correspondant au besoin de niveau supérieur. Un peu comme le boulimique, empli de nourriture, et pourtant habité par un âpre appétit… d’autre chose.

 

Dans le couple, la situation se présente à l’identique : un désir peut se trouver hypersatisfait, cela ne comblera pas telle autre nécessité qui demande à être prise en compte. On peut comparer ceci, avec John GRAY, aux divers types vitamines indispensables à la santé : en manque-t-il une importante que la compensation par d’autres ne servira à rien ! Les marins atteints de scorbut, décimés par cette dramatique affection, mangeaient pourtant abondamment viandes ou fromages ; mais les quelques grammes de Vitamine C nécessaires à leur organisme leur manquaient ! Il a suffi qu’ils puissent se nourrir de citrons et d’oranges pour que cette grave maladie disparaisse définitivement.

 

Déduisons de ces remarques un point capital : si nous souffrons du manque, dans une vie apparemment pleine et riche, cela est dû, bien souvent, au fait qu’une exigence fondamentale se trouve négligée. L’intense satisfaction d’un certain besoin peut masquer le déficit d’un autre. Un exemple pourrait être celui de parents très absents, investissant peu leur enfant, qui le couvrent de cadeaux et de bonbons lorsqu’ils le voient. Le petit, leurré par ces délices immédiats, n’arrive pas à formaliser la douleur de son abandon et se trouve alors habité par une souffrance « incompréhensible » qui fracture son développement ou qui se manifeste par des symptômes.

 

Si, dans votre couple, vos envies fusionnelles sont très assouvies, le sentiment de vous sentir mal dans votre peau peut cependant exister ; et tenir au fait que vos exigences d’individualité séparée creusent un manque en vous qui, par définition, ne sera pas comblé par plus de fusion ! « J’ai tout pour être heureux et pourtant je ne le suis pas » Peut-être un besoin de base n’a-t-il pas été assez reconnu et exaucé.

 

John GRAY établit une liste de ces « vitamines » de base, que je paraphraserai ainsi :

 

Besoins de spiritualité

 

  •      avoir le sentiment que la Vie nous soutient
  •      ressentir et exprimer de la gratitude envers la Vie

 

Besoin de soutien et d’amour dans les relations

 

  •      avec nos parents (réels ou intériorisés)
  •      avec nos proches  (familles, amis) , en partageant des plaisirs avec eux
  •      avec nos pairs, dont nous percevons l’estime et  avec qui  nous avons  affinités  et  valeurs communes
  •      avec  un intime, dans une relation  de compagnonnage ou de passion romantique

 

 

Besoin de donner nos compétences et capacités:

 

  •      à un enfant ou bien, à défaut, à une personne dépendante
  •      à la collectivité, la communauté
  •      au monde en général, à travers une Cause

 

 

A vous de repérer dans cette liste, ainsi que dans la pyramide de Maslow, l’étape où vous vous situez, et le secteur vitaminique qui se trouve déficitaire. Il n’en faut pas forcément beaucoup pour que brusquement vous sentiez un soulagement et un mieux-être.

 

En résumé, pour tarir cette source de souffrance liée aux besoins insatisfaits il est souhaitable de :

 

 

1)  tenir à niveau les diverses jauges ; et savoir passer à l’étape adéquate

 

2)  accepter de limiter nos désirs dans la juste mesure. De même qu’il n’est pas souhaitable de manger trop, de même l’équilibre psychique général dépend de notre capacité à nous arrêter dès qu’une envie est suffisamment rassasiée. Les philosophes (stoïciens, entre autres) nous ont expliqué ceci depuis des millénaires. Reste à véritablement intégrer cette idée.

 

« Suffisamment » voilà LE maître-mot. Ni trop, ni trop peu. Pensons à la « bonne mère » de Winnicott ; il s’agit d’une mère qui se révèle « suffisamment bonne », et surtout pas d’une mère excessivement bonne…

 

Attentes déçues

 

Voici une autre source de douleur. Elle tient essentiellement à deux aspects :

 

1)  les attentes grandioses, constituées dans la petite enfance, moitié à cause de la vision infantile limitée et déformante (mégalomanie imaginaire), moitié en compensation de la blessure narcissique liée à la découverte de notre petitesse et de nos limites (désir d’être parfait, sublime, merveilleux, pour avoir la sensation de se sentir au moins un peu reconnu).

 

2) l’aspiration, issue de cette même époque de structuration du socle de base psychique, à ce que le monde, la Vie, l’Autre se montrent parfaitement conformes à nos volontés, et répondent en s’adaptant intégralement à nous… comme la mère a su le faire dans les tous premiers mois de notre existence.

Nostalgie du paradis perdu imaginaire, où nous nous pensions le centre d’un monde capable de s’adapter à tous nos appétits, besoins, attentes. Il nous en reste une haine de la frustration, une rage lorsque l’environnement ne se présente pas à nos yeux comme il DEVRAIT être.

 

Comment tarir cette source de souffrance ? Par les actions suivantes :

 

 

1. gérer la frustration

 

Il est normal de rencontrer la frustration, puisque la réalité ne se montre pas docile à nos attentes. Quand on accepte cette vérité, on recourt alors aux moyens nécessaires pour atteindre nos buts, avec assez de ténacité pour modeler cette âpre réalité dans le sens souhaité.

 

Mais deux types de personnalités semblent handicapées dans ce domaine. Il s’agit de gens qui, enfants, ont subi trop de frustrations ou bien, au contraire, qui n’en ont pas affronté assez. Les uns comme les autres sentiront alors une tendance à vouloir « tout, tout de suite » (fût-ce au prix de la violence), ou bien à s’écrouler sans énergie face à la rencontre de ces limites.

 

L’adulte, conscient de cet enjeu, devra s’appliquer à se renforcer lui-même par l’acte d’engagement dans des choix catégoriques. Comme nous l’avons évoqué dans le précédent chapitre, choisir suppose de se frustrer de l’option à laquelle on a renoncé. De ce fait s’entraîner à faire des choix sans ambivalence représente une sorte de mithridatisation, quant à la brûlure de la frustration, qui nous amène une force progressivement plus grande et une âme mieux trempée.

 

 

2. moins donner prise au grandiose

 

Il ne s’agit pas de renoncer aux grands rêves de l’enfant ou de l’adolescent que nous avons été ; en effet, là repose quelque chose de notre axe central. Mais il importe de naviguer habilement avec la pression de ces attentes grandioses.

 

La meilleure métaphore est la suivante : si l’on veut atteindre un sommet, lors d’une marche en montagne, il ne faut pas garder l’œil rivé sur lui et se lamenter de s’en trouver encore si loin ; non, il suffit de s’appliquer à mettre soigneusement un pas après l’autre.

 

Notre tâche, par conséquent : faire le mieux possible les petites actions qui s’imposent, au point où nous en sommes. Un collégien qui se trouve en 6° et qui souhaite décrocher le Bac, devra s’appliquer à réussir son programme de 6°… et non celui de Terminale ! Petit à petit l’oiseau fait son nid.

 

 

 

3. développer le « comment faire »

 

On reconnaît le parcours d’un homme aux décisions qu’il a prises et aux actes qu’il a posés. Ces deux dimensions nous impliquent dans notre vie et nous amènent un sentiment de densité. De fait, elles laissent transparaître nos choix profonds.

 

Par contre, pour les attentes non-grandioses, la voie du bien-être consiste à faire le nécessaire pour les contenter. Et pour ceci la PNL nous a montré la procédure à adopter :

 

è    prendre modèle (sur quelqu’un qui a déjà accompli ce que nous désirons effectuer)

 

è    se fixer des étapes précises et visualisées

 

On voit que ces deux pratiques supposent une certaine modestie, contraire à toute grandiosité : accepter d’être celui qui apprend (et non celui qui sait déjà) ; reconnaître que d’autres se trouvent plus avancés que nous dans certains secteurs et peuvent nous servir de modèles ; se plonger dans le concret, la pratique, les mains dans le vulgaire cambouis…

 

Le chemin de la réussite passerait donc par une humilité secrètement grandiose.

 

Traces traumatiques de notre enfance

 

Les traumatismes oblitèrent notre vie pour deux raisons. Ils ont établi en nous des schémas de décodage du monde qui faussent la perception de nous-même et des autres. Et ils tendent à recréer la situation dans laquelle ils sont survenus, dans l’espoir inconscient de trouver avec ce re-jeu une terminaison bénéfique.

 

Ce processus inconscient constitue le moyen le plus sûr de gâcher notre vie entière, coincés dans l’ornière de la répétition de nos traumas, nous heurtant régulièrement aux même situations blessantes.

 

Sur ce point ce Livre trouve ses limites. Dans ce domaine, inutile de se raconter d’histoire, le seul vrai travail libérateur consistera à effectuer un parcours psychothérapique ou psychanalytique suffisamment long et approfondi avec le même thérapeute. Quelques années consacrées à ce cheminement ne sont rien au regard de l’enjeu : sortir du chemin inexorable qui semble être notre « destin » de souffrance et / ou d’échec, susceptible d’être le nôtre une vie entière.

 

Les plus mal lotis peuvent sembler, paradoxalement, ceux qui n’ont pas rencontré trop de difficultés dans la structuration de leur personnalité. Bon an, mal an, ils se débrouillent sans ressentir un vrai besoin de psychothérapie ou de psychanalyse. Mais, de ce fait, ils n’ont guère l’occasion d’apercevoir les secteurs dans lesquels leur marche tient plus d’une habile utilisation des béquilles plutôt que de gambades spontanées et guillerettes. Certes ils sont moins corsetés, et gardent souplesse et créativité, mais une opportunité peut se présenter pour eux dans une crise de vie suffisamment importante leur permettant de faire le nettoyage utile à chacun d’entre nous.

 

 

 

Attachement à la souffrance

 

Pourquoi donc cette force en nous réclamant sa dose de souffrance ?

 

Déjà on ne la perçoit pas facilement, comme nous l’avons dit précédemment : plongé dans son propre système, on n’a très peu le moyen d’en apercevoir les failles, les limites, les croyances. Un automobiliste, vrai danger public sur la route, se juge quant à lui « bon conducteur », comme la majorité de ceux qui sont à leur volant.

 

Donc, même si vous n’en prenez pas conscience, vous vous donnez compulsivement une certaine dose de souffrance… et vous restez attaché à des situations douloureuses, résistant péniblement aux changements qui s’imposeraient

 

A quoi peut-on attribuer cette énigme, au-delà de l’explication, qui n’en est pas une, évoquant un désir masochiste ? Sans doute aux deux nécessités suivantes :

 

1)  poids du noyau de culpabilité infantile qui exige la punition et la souffrance

 

2) peur du morcellement, qui explique la résistance au changement , même si la situation se révèle  peu supportable.

 

Il s’ensuit que pour nous libérer de cet attachement à la souffrance nous avons une double tâche :

 

è    vider notre noyau de culpabilité

è    apprendre à gérer notre peur :

 

 

4   la reconnaître (pour qu’elle évite de se cristalliser en symptômes)

4   mais ne pas lui donner le pouvoir si elle semble injustifiée (ce qui est le cas la majorité du temps).

 

 

Les sources de bien-être

 

L’apaisement narcissique

 

Il tient principalement en ces trois points :

 

 

Satisfaction d’avoir réussi quelque chose

 

Nous voici dans un domaine où le « lâcher-prise » ne suffit pas. La capacité à élaborer un projet, à s’y tenir, et à parvenir à le réaliser, procure une sécurité interne. En effet, il s’agit d’un processus maturatif, montrant que nos capacités adultes se révèlent aptes à se dégager des emprises infantiles (peur, sentiment d’impuissance), autant que des projets – désirs des autres à notre place.

 

 

Plaisir de recevoir des appréciations positives

 

Même dans le cas d’un narcissisme de base bien établi, il semble que nous fonctionnions un peu comme ces vases à évaporation qu’on trouve dans le sud de l’Espagne. La terre du pot à eau, relativement poreuse, permet qu’une évaporation régulière maintienne constamment la fraîcheur interne. Mais, de ce fait, il est nécessaire de rajouter de l’eau, de temps à autre.

 

Même avec le meilleur contenant psychique, les petites frustrations et limites du quotidien créent des brèches et entament notre capital de narcissisme. Nous avons donc besoin, assez habituellement, de nous « recharger », par exemple grâce à des communications bienveillantes et positives avec un interlocuteur ayant de la valeur à nos yeux. Là encore, le « suffisamment » prédomine : se montrer trop avide de ces renforcements externes, tout comme imaginer qu’on puisse totalement s’en passer, semblent deux attitudes problématiques.

 

Par ailleurs, le sentiment d’être aimé, dont nous parlerons plus loin, multiplie l’impact de ces « strokes » positifs.

 

 

Soutien par une image interne de bon parent

 

Le Bourreau interne, comme le Parent agressif, qui ne ratent pas une occasion de nous culpabiliser ou de nous déclarer impuissant, représentent une intégration d’éléments parentaux négatifs. Mais si nous effectuons le travail de nous re-parenter, nous allons développer en nous-même une instance de référence : tel un bon parent, elle portera les valeurs importantes à nos yeux ; elle pourra, si nécessaire, nous rappeler à l’ordre, néanmoins dans une ambiance bienveillante, similaire à celle d’une bonne mère ou d’un bon père.

 

Rappelons une des caractéristiques fondamentales du bon parent : il pose un jugement sur les comportements, cependant qu’il conserve une acceptation inconditionnelle positive de l’être. Nous pouvons agir ainsi envers nous-même : soutenir ou critiquer certaines de nos actions, mais garder une aménité sans faille envers notre personne.

 

 

L’apaisement libidinal

 

A côté du renforcement narcissique, existe la nécessité d’une plénitude corporelle et instinctuelle.

 

 

Sexualité pleine

 

« Post coïtum, omne animal triste » disait un proverbe latin. En fait, il ne s’applique qu’à la relation sexuelle partielle, celle qui n’implique pas le corps entier, et donc le cœur ouvert… car on ne peut s’engager d’une façon totale et pleine qu’avec l’ensemble de nous-même. Si ce n’est pas le cas, la jouissance, éteignant l’excitation, nous laisse constater que nous sommes passés à côté de la bienheureuse fusion totale. Mais sinon, quel apaisement ! Un moment de pur bonheur, avant que le mental ou le Saboteur interne ne reprennent leur sarabande.

 

Nous avons là un modèle de ce que peut être le parfait contentement : avoir fait le plein d’affection, et de sexe, se sentir rassasié, se trouver pour un temps libéré du désir, de la morsure des attentes, des souhaits, des appétences. Ce principe de Nirvana (FREUD) nous décrit le bonheur comme la libération du désir… mais en même temps l’abaissement du niveau de tension et d’énergie interne.

 

 

 

Apaiser le désir

 

Si chaque désir plonge ses racines dans notre libido, tout désir n’est pas forcément génital. Le bien-être résulte de l’alternance entre plaisir de désirer (« j’ai faim ; j’ai hâte de manger ») et jouissance d’apaiser cette tension (« Ah, quel bon repas ! »)

 

Toutes les parties de notre corps participent à ce rythme universel : émergence du désir ou du besoin, satisfaction et apaisement de ce désir ou de ce besoin. C’est le battement de cœur de notre vie.

 

Rien de plus banal à constater, donc : notre épanouissement dépend d’un mouvement consistant ࠁ reconnaître nos désirs et nos besoins, ‚ les satisfaire « suffisamment ». Mais réaliser ceci peut s’avérer ardu :

 

1. reconnaître nos désirs ressemble, pour beaucoup d’entre nous, à une performance.  Comment faire avec les tendances contradictoires ? Comment gérer certaines aspirations susceptibles d’ébranler nos choix habituels ? Que faire de ce qui est considéré, par notre Surmoi, comme honteux, ou interdit ? etc…

 

Dans beaucoup de cas, le refoulement règle la question et empêche la mise en place consciente de ces dilemmes. Mais, bien entendu, ceci se paie alors en symptômes… sources de souffrance.

 

 

2.  les satisfaire « suffisamment » . Même au cœur de la satisfaction du désir surgit l’ombre de la frustration.

« Pas assez » ne l’apaise pas ; « trop » le conduit bientôt à renaître de ses cendres.

 

Contrairement à ce que l’on croit parfois, le fondement même du courant philosophique des épicuriens était basé sur la « juste mesure » et non sur la frénésie de jouissance.

 

Tout revient, une fois encore, au bon fonctionnement de notre démocratie intérieure.

 

Avoir un pouvoir (Parental et Adulte)  suffisamment fort pour accepter l’expression de tout ce qui veut se dire en nous ; et suffisamment flexible pour prendre en compte même les désirs « interdits » ou trop fortement « minoritaires » en leur donnant un minimum de satisfaction via la sublimation.

 

En somme tout ce qui est humain est en moi ; ce qui ne veut pas dire que tout doive être passé à l’acte ! La sublimationconsiste à drainer le désir brut dans une action socialement acceptable et bien canalisée. Le désir de découper l’autre en morceaux avec un couteau est certes bien encombrant ; mais ne trouve-t-il pas une merveilleuse expression dans l’habileté du chirurgien ! Il en est de même pour de nombreuses pulsions interdites, et nous devons apprendre à cohabiter avec elles de cette façon.

 

 

Aimer et être aimé

 

Je ne m’étendrai pas sur cette source de bonheur suprême. Les poètes l’on exprimé depuis toujours. Dans cet échange fusionnel tous les niveaux de nous-même trouvent satisfaction :

 

  •      le vécu le plus archaïque de notre enfant profond (dissolution des frontières, sentiment d’être relié à la Vie même)
  •      les diverses pulsions partielles
  •      la sexualité génitale
  • †  la confiance et la gratitude ; la reconnaissance du bon objet interne et externe

 

 

RESUME

 

Nos sources de souffrance sont :

è    besoins insatisfaits

è    attentes déçues

è    traces traumatiques de l’enfance

è    attachement à la souffrance

 

Un travail est à faire sur ces quatre points, avec d’une part l’effort pour limiter chacun de ces aspects (limiter ses besoins, ses attentes, en particulier) et d’autre part pour satisfaire suffisamment ce qui reste.

 

Nos sources de bien-être sont :

 

è    apaisement narcissique

è    apaisement libidinal

è    aimer et être aimé

 

Là aussi un travail s’impose pour que chacune de ces dimensions soit suffisamment satisfaite.

 

 

 

DU  POINT  DE  VUE  DU  MODE  DE  FONCTIONNEMENT

 

Les schémas suivants vont nous aider à visualiser les diverses façons qui sont les nôtres pour nous gâcher la vie.

 

Voici le premier :

PASSÉ

 

Les ruminations concernant les situations passées occupent beaucoup de notre temps et nous prennent une forte part d’énergie. Rancœur, ressentiment, tristesse viennent au rendez-vous.

 

Il y a là un point délicat à traiter car :

 

1)  tirer les leçons du passé est utile et nécessaire

2)  pour les Victimes, se voir reconnues comme telles, et entendre l’agresseur reconnaître sa culpabilité, sont deux temps forts permettant le passage à autre chose

3)  mais parfois, lorsque ceci n’a pas pu se réaliser (ne serait-ce que symboliquement) on reste attaché à la rancune envers la personne qui nous a fait souffrir. Et là nous entrons dans une mentalisation stérile qui nous ramène invariablement au passé, nous empêchant de vivre Présent et Futur.

4)  Il arrive que l’abandon d’un procès interminable, celui que nous faisons intérieurement –ou réellement – à tel ou telle, soit le passage libératoire (bien que douloureux puisque la faute n’aura jamais été reconnue par l’agresseur) pour enfin tourner la page et passer à autre chose.

5)  réclamer réparation peut aussi nous fixer dans une position infantile, entraînant une perte de pouvoir psychique, même si nous sommes tout à fait dans notre droit.

 

Bref, voilà une ligne de crête étroite, cernée d’un côté par le risque de refouler le passé là où il faudrait, à l’inverse, l’exhumer, le reconnaître, en terminer, et de l’autre côté par le risque de s’installer, sa vie durant, dans une position agressive-infantile accrochée au passé comme un chien à un mollet… c’est à dire non libre d’aller et de courir.

 

Un bon critère, comme toujours, reste celui des symptômes. Si vous balayez le passé en disant : « seuls comptent le présent et le futur » et que vous subissez cauchemars, angoisses, somatisations diverses, pas de doute : il s’agit d’une position défensive inadéquate qui empêche votre réalisation. Il vous revient donc, au contraire, de creuser ce passé (douloureux). Et vice-versa : si vous passez votre temps à ruminer douloureusement ce que maman, papa, frère ou sœur ont fait ou n’ont pas fait pour vous, et que l’angoisse accompagne votre vie, c’est qu’il vous faut désormais inscrire tous ces souvenirs au rayon pertes et profits, soit en effectuant une vraie thérapie, soit en prenant en charge vous-même votre propre vie actuelle et future, vos désirs, vos peines, votre destin.

 

Quoiqu’il en soit, le bout du chemin est le même : à un moment donné, il faut s’installer dans le registre adulte et déterminer que nos blessures sont notre affaire.

 

Deux phrases pourront être intéressantes à retenir :

 

Y J’abandonne mes rancœurs et je m’occupe moi-même des besoins de mon Enfant intérieur

Y  Rien n’est si grave que ça (pour ceux qui dramatisent en permanence ce qui leur arrive ou ce qui leur est arrivé)

 

 

 

FUTUR

 

Autre source de gâchis : l’anticipation négative et inquiète de ce qui va peut-être arriver. Même si nous savons qu’il s’agit de l’enfant en nous, clamant : « je ne suis pas assez fort pour faire face à tout cela » nous avons quand même tendance à passer du temps à nous angoisser ainsi… strictement pour rien.

 

La seule façon de gérer l’incertitude qui caractérise le futur consiste à :

 

1)  Installer la confiance en la capacité que nous aurons, le moment venu, de faire face. Les chrétiens parlent de « grâce d’état » voulant dire par là qu’une fois situés dans un certain contexte, nous trouvons, parfois à notre grande surprise (comme si c’était un bienfait divin), les ressources nécessaires pour assumer. Ceci reste valable, me semble-t-il, même pour la mort. La meilleure manière de se « préparer » à celle-ci, c’est encore de gérer les petites morts dont notre vie se trouve tissée : deuil de l’enfance (cf. les rituels mortifères accompagnant ce passage dans les tribus primitives), deuil du célibat (cf. l’enterrement de vie de garçon) etc. Ces diverses circonstances nécessitent d’apprendre à lâcher-prise et à faire confiance en nous-même et en notre futur.

 

2)  Se contenter de faire au mieux les tâches actuelles, qui nous mèneront alors d’elles-mêmes aux étapes suivantes.

 

Deux phrases, là encore, peuvent symboliser des « croyances » très utiles pour notre vie :

 

Y   Pour chaque difficulté je trouverai en moi les forces nécessaires. Inutile de me tracasser à l’avance

Y   Pour atteindre mon but, il me suffit de faire attention à bien poser un pas après l’autre

 

 

L’IDEAL

 

Là encore, piège à déjouer. Ne pas avoir d’Idéal nous conduit au désespoir ou à une vie monotone et refermée. Mais rester braqué sur l’Idéal nous décale de notre vie réelle. De plus, au nom d’idéaux grandioses, les plus grandes souffrances ont été infligées aux humains. Comment naviguer entre Charybde et Scylla ?  En rusant avec nous-mêmes. La pensée positive nous propose une manière amusante :

  1.     se laisser exalter par notre Idéal
  2.     visualiser le plus précisément possible un but de vie qui correspondrait à l’incarnation ou la réalisation de cet Idéal pour nous-mêmes
  3.     placer ensuite ce but à l’intérieur d’une bulle rose ; visualiser qu’on lance cette bulle dans l’Univers et qu’elle va son chemin
  4.     se remettre alors à ses actions quotidiennes et à sa tâche du moment, sans plus s’occuper du but en question.

 

Cette action imaginaire donne sa part à deux dimensions : la tension vers l’Idéal, et le lâcher-prise. Cela pourrait se symboliser aussi par ces phrases :

 

Y      Je fixe clairement le but que je veux atteindre, puis je laisse la Vie gérer

Y      La Vie me mène où je dois aller

Y      En temps opportun, tout arrive

Y      Je suis déjà riche avec ce que j’ai et ce que je suis maintenant

 

 

 

LE  DESESPOIR

 

Lorsque nous ne sommes pas exaltés par un Idéal qui nous éloigne de notre vie, nous basculons parfois dans le désespoir, renonçant à ce que notre vie possède du sens, perturbés par notre sentiment de solitude.

 

Plusieurs recours sont utiles, tels que, par exemple :

 

Y    Je fais de ma vie un art

 

s’appliquer à être conscient de chaque action (manger, dormir, écrire, etc) et s’entraîner à faire de chacune un élément esthétique. Pensons au Zen et à cette attention rigoureuse donnée à tous les détails de la vie courante.

 

Y    Je consacre une part de mon énergie à une Cause

 

ainsi au lieu de me crisper sur le désir de recevoir, je donne… et ceci enclenche alors une mise en mouvement intérieure et extérieure

 

Y    J’accepte ma solitude et mes limites sans en faire un plat

 

crispé sur mon supposé droit au bonheur… je tue celui-ci sans le savoir. Inversement « faire avec mon malheur » représente une des meilleures façons de ne plus s’en trouver excessivement prisonnier

 

Avant de passer au deuxième schéma, notons que dans celui que nous venons de voir une part des nouvelles attitudes requiert le « lâcher-prise », le non-agir des chinois : ne pas se crisper sur une vision idéale ou une quête de maîtrise du futur. Et inversement l’autre côté (passé, désespoir) exige une prise en charge active de la question, un agir.

 

 

PROBLEMES  AVEC  L’INTERIEUR

Certaines croyances négatives, issues de fragilités dans la construction de notre psychisme, possèdent l’aptitude à nous rendre soucieux, fatigués, malheureux.

 

Il en est ainsi de la surveillance inquiète de son corps, comme s’il allait à tout moment flancher ou devenir malade. De même pour le psychisme : puis-je tenir le coup ? Suis-je normal ? Est-ce que je ne vais pas devenir fou ou gravement dépressif ? Etc.

 

De nouveau, le chemin vers la maturité et la sérénité se découvrira à travers le lâcher-prise. Voir son corps comme un ami fidèle et sûr, capable de gérer par lui-même ce qui le concerne. Idem pour le psychisme.

 

La plupart des petits maux qui nous affectent peuvent se résoudre sans soin particulier, sans médicaments. Les médecins généralistes disent que 70 à 80 % de leur clientèle est constituée de « fonctionnels », c’est à dire porteurs de symptômes sans véritable gravité. Nos inquiétudes, dans nombre de cas, n’ont d’autre origine que l’Enfant paniqué. Une croyance contraire, allégeant nettement la vie courante se dirait ainsi :

 

Y    Mon corps se débrouille ; à lui d’assurer, je lui fais confiance

 

Et si nous sommes atteints d’une pathologie nécessitant traitements et recours aux médecins, le corps saura presque toujours le dire clairement : perte de kilos, signes forts, etc. Quel repos que de déléguer la prise en charge de nos petites maladies à nos systèmes de défense naturels (antigènes, anticorps, etc) en nous réservant simplement de comprendre leur éventuel message.

 

Il est question, une nouvelle fois de ne pas trop se laisser guider par la crainte ou par l’Enfant démuni. La plupart de nos peurs proviennent de lui et perdent alors leur vraie fonction, signaler un danger authentique.

 

 

 

PROBLEMES  AVEC  L’EXTERIEUR

 

Ils sont légion, vu l’importance de l’Autre dans notre structuration. Le principal, le plus usant, demeure notre « maladie de la comparaison ». On se compare à des « autres », qui sont en fait des créatures imaginaires car personne ne vit la même histoire. Tous ces « modèles » nous servent à nous dévaloriser. « Lui, il a réussi, et pas moi. Tout le monde a l’air de savoir se débrouiller avec sa vie, je suis vraiment un incapable, un bon à rien, etc »

 

Passons donc directement aux nombreuses croyances libératrices sur lesquelles nous pourrions nous appuyer pour faire contrepoids à toute cette lie :

 

Y   L’Autre c’est l’autre, Moi c’est moi. Pas de comparaison .

Y   L’Autre fait du mieux qu’il peut au point où il en est

Y    Vouloir tout contrôler me fait perdre du temps et de l’énergie

Y   Je renonce à m’accrocher à tous les « devrait » (l’autre devrait faire comme ça ; la Vie devrait me donner cela, etc)

Y   Je repère mes jeux relationnels afin d’éviter d’y souscrire à mon insu

 

 

 

 

SURMOI . BOURREAU  INTERNE . INJONCTIONS

 

Il existe une sorte de Bourreau en nous, que j’ai appelé le S.D.I. (Schéma Destructeur Interne) et qui fait l’objet d’un travail psychothérapique spécifique. Ce Bourreau interne est lié à des poches de culpabilité inconscientes qui existent plus ou moins chez chacun de nous.  Ajoutons que la plupart des psychanalystes considèrent que le poids surmoïque est une des principales causes de notre souffrance. Leur tâche consiste à nous aider à sortir de la culpabilité névrotique, à nous libérer des injonctions issues de notre enfance, à permettre les retrouvailles avec la liberté et la spontanéité.

 

Assénons donc à notre Surmoi cette phrase massue :

 

Y   Comme je suis, c’est bien

 

Bien entendu, une voix intérieure va se récrier : « Si j’accepte une telle idée, plus d’amélioration possible ! »  Ça paraît sensé, c’est pourtant faux. Car cette tranquille assurance d’un fort narcissisme de base (« Comme je suis, c’est bien ») va permettre de supporter les remises en cause, les remaniements, les changements obligés. Suffisamment assuré de mes fondations, je vais pouvoir accepter la perspective de nécessaires améliorations, sans me sentir ébranlé jusqu’au plus profond.

 

Alors qu’au contraire si je me harcèle, trouvant que je ne suis vraiment pas quelqu’un de bien, je divise ma propre énergie (entre une part dotée de sa propre originalité, et une autre qui décrète que tout ceci devrait être autrement). Résultat : changement nettement plus difficile, acquis dans la douleur, et amenant une incertitude intérieure puisqu’issu d’une guerre entre moi et moi.

 

A l’affirmation précédente, on peut ajouter une phrase ressemblant à celle évoquée auparavant vis à vis de l’Autre :

 

Y   Dans ma vie, j’ai fait au mieux, compte-tenu de ce qu’étaient l’état de mes informations et de mon développement au moment des actions entreprises

 

Inutile donc de se battre les flancs au souvenir de certains épisodes. Tournons-nous vers le présent et la meilleure réalisation actuelle de nous-même.

 

 

 

LE  ÇA .  LES  PULSIONS

 

Sources de déstabilisation du Moi : ces pulsions qu’il s’agit de contrôler. Leur énergie s’apparente celle d’un cheval sauvage ; reste donc à le dompter.

 

Nous avons déjà évoqué l’intérêt des limites, du cadre, de l’engagement, du choix. Posséder des règles de vie et s’y tenir suffisamment longtemps. Etre capable de contrôler nos actions, contenir nos fantasmes et nos désirs.

 

Nous ignorons que lorsque nous « passons à l’acte » (sexuellement, agressivement) ou que nous transgressons une de nos règles, nous sommes en train de  transpercer notre contenant psychique. Le passage à l’acte sera soulageant sur le moment, puisqu’il abaisse les tensions, mais il fragilisera l’ensemble de notre système et nous laissera moins tranquille, moins sûr intérieurement (de la frontière entre fantasme et réalité), moins fort.

 

Beaucoup de dérives sociales actuelles tiennent au fait que les enfants ont été élevés avec l’idée que la contrainte, la volonté, l’engagement représentaient des valeurs dépassées. Les médias, d’ailleurs, assènent fréquemment ce qui à leurs yeux semblent une lapalissade admise par tous : « Franchissons les tabous ». Comme si un tabou, c’est à dire une limite, une frontière, un interdit n’avait aucun sens symbolique. L’effet pervers et déstructurant se découvre dans la culture nord-américaine où la parole n’engage plus personne, n’a plus aucun poids. Les échanges sont régulés par des écrits minutieux, sorte de tiers externe, seuls garants admis, et toujours renvoyés devant les tribunaux et les juges, les GRANDS qui finiront par trancher entre ces PETITS sans vérité intérieure.

 

Je crois qu’il y a là une grande perte d’humanité en comparaison du fonctionnement qui a prévalu pendant des siècles ou des millénaires. Le « Tope-là ! » ne nécessitait plus aucun complément ou tergiversation. La parole engageait. Et l’on pouvait se fier à cela.

 

Lorsqu’on voyage de par le monde, actuellement, on perçoit encore très nettement cette différence dans les cultures, et la confiance ou la méfiance qui en découle !

 

Une façon de solidifier notre force et notre sécurité consiste à adopter la maxime suivante :

 

Y    Ma parole m’engage irréversiblement ; et je tiens mes engagements quoi qu’il arrive

 

Cela semble être de la morale. C’est en fait une simple règle d’hygiène psychique qu’on a tout bonnement intérêt à appliquer pour se sentir bien.

 

 

Cette question de la confiance (en soi, en la vie, en l’autre) donne toute sa couleur à notre parcours de vie. Nous pouvons baigner dans la noire méfiance, toujours sur le qui-vive de peur d’être dupé, ou bien au contraire savourer la lumineuse confiance, dussions-nous parfois être déçu ou trahi.

 

L’enfant naît avec la Confiance et l’Amour, et il expérimente la Gratitude lorsqu’il réussit à sortir de l’Envie.

 

L’Envie, si bien mise en exergue par la psychanalyste anglaise Mélanie KLEIN, consiste à se sentir démuni face à un autre qui, lui, semble pourvu ; et à adopter alors une stratégie, dominée par la haine, consistant à chercher à détruire ce dont l’autre est pourvu. Plutôt anéantir ce que l’autre possède, quitte à ce que nous nous retrouvions tous deux finalement dans le dénuement, que chercher à acquérir moi-même ce qui suscite mon envie.

 

Vous n’aurez aucune peine à sentir la morsure de l’Envie (et avec elle tous les autres sentiments qu’elle amène : haine, méfiance, dévalorisation de vous-même et du monde) si vous pensez à un ou une collègue qui vous ressemble et qui a réussi brillamment quelque chose. Spontanément votre bouche dira peut-être que c’est très bien pour cette personne, mais votre cœur sera plein de malaise et de vinaigre.

 

 

La sortie se trouve dans la gratitude et dans les attitudes suivantes :

 

Y  moi aussi je peux atteindre ceci ou quelque chose de similaire

 

Y  MERCI à toi qui me montre que c’est possible

 

Y  et  même plus, je peux te prendre pour modèle sur certains comportements avec, là encore, la joie de voir que tu m’as ainsi facilité la tâche et ouvert le chemin

 

 

Les trois pôles de notre bonheur sont les suivants :

 

 

et quand l’un prend de l’ampleur il entraîne assez aisément l’augmentation des deux autres. Nous pouvons décider de privilégier ces attitudes :

 

Y      Je choisis la CONFIANCE, et je m’ouvre à la GRATITUDE

 

C’est possible ! Faites le, et remerciez la Vie de l’abondance de joie que vous allez découvrir alors.

 

Y      Confiance, la Vie sait quel est le meilleur rythme pour moi

 

Exemple : réussir trop vite, alors que nous ne serions pas encore prêts psychiquement à l’assumer, risquerait fort d’amener plus d’inconvénients que prévu. Contentons-nous donc de l’état actuel en suivant le chemin qui est proposé. Sans doute est-ce celui qui nous mènera, au bon rythme, vers notre destination.

 

Pensez au syndrome de l’autoroute. Nous voulons rejoindre une ville qui se situe (la carte routière nous l’indique) à gauche de la direction dans laquelle nous roulons. Pourtant tous les panneaux indicateurs nous signalent qu’il faut tourner à droite (pour sortir et finalement rejoindre notre destination). Je veux aller à gauche et les messages indicateurs m’intiment d’aller à droite. Que vais-je faire ? Dans la réalité autoroutière nous ne sommes pas assez fous, heureusement, pour tenter de traverser la barrière de sécurité, traverser ensuite la partie gauche de l’autoroute, afin de nous retrouver là où nous avons décidé d’aller. Il faudrait être bien dérangé, ou suicidaire, et se mettre en réel danger, pour ne pas se fier aux panneaux indicateurs, malgré le trouble qu’ils induisent parfois, en nous montrant une direction exactement contraire à celle qui nous semble logique et attendue. Et bien cette métaphore peut nous conduire à respecter les indications de notre vie, même si elles ne semblent pas du tout correspondre à nos désirs du moment. Ce qui apparaît comme un malheur, ou un contretemps semblant nous emmener exactement à l’inverse de notre direction, se révèle bien souvent être le chemin privilégié nous ayant permis d’atteindre une destination souhaitée.

 

Donc, face au pire, vous pouvez laisser une part de vous-même se dire que, par un détour inattendu, tout ceci va peut-être déboucher sur le meilleur.

 

Ces réflexions peuvent apparaître trop simples, ou pire, un peu « religieuses », et agaçantes à des yeux agnostiques. Mais c’est peut-être seulement que la religion avait su intégrer certaines règles d’équilibre psychologique (la confession… et sa catharsis ; le benedicite… induisant la gratitude, etc) qui se sont ensuite ritualisées perdant peu à peu leur force symbolique.

 

 

 

QUELQUES CONSEILS

 

Terminons par un ultime conseil :

 

  •        Choisissez une des phrases évoquées, en vous basant sur le critère suivant : « Qu’est-ce que ce serait bien si j’avais cette idée profondément ancrée en moi ! »

 

  •        Sur une feuille avec des feutres de couleur écrivez-la d’une façon très colorée, entourée de dessins. En procédant ainsi vous instaurez une dimension plus symbolique / émotionnelle qui évitera de limiter ce travail à une décision uniquement volontariste / cerveau gauche.

 

  •         Fixez-la dans un endroit attractif, et décidez de la faire vôtre chaque jour pendant quinze jours

 

  •         Observez ce qui se passe alors dans votre vie. Et recommencez, avec une autre phrase, pour la quinzaine suivante ; et ainsi de suite tant que vous le désirerez. Au vu de toutes les phrases proposées dans de ce dernier chapitre vous en avez pour un moment !

 


Avec ces expériences, je vous souhaite bon vent et bonne vie.