La valeur de l’engagement

Le 2 novembre 2023

par Jean-Marc Henriot

 
 

Je trouve très intéressante la métaphore suivante, qui va nous permettre de réfléchir à la question de l’engagement : si vous êtes dans le désert et qu’une nappe phréatique est sous vos pieds, comment avez-vous le plus de chances de la trouver ? En forant une dizaine de trous de 3 mètres de profondeur, ou bien un seul puits de 30 mètres ?

La même énergie est utilisée dans les deux cas, mais le résultat n’est pas du tout identique ! Dans le premier choix, on peut imaginer la personne en train de forer 3 mètres, puis de se dire: « Non, c’est peut-être ailleurs qu’il me faut poursuivre ; là-bas la terre sera peut-être moins dure ; etc. » et après s’être épuisée à droite et à gauche, elle finira par mourir de soif. Mais la deuxième option (forer un seul puits de 30 m) suppose un certain nombre de conditions que nous allons détailler.

Gardons à l’esprit, en réfléchissant à cette comparaison, le fait qu’elle nous renvoie à de nombreux secteurs de notre vie. S’engager dans une voie de recherche (scientifique, spirituelle), s’engager dans la création et la réussite d’une entreprise, s’engager dans une relation de couple, tout ceci pose la question de l’énergie à concentrer pour atteindre enfin la nappe phréatique qui va étancher notre soif.

 
 

CE QUE L’ENGAGEMENT AMÈNE COMME FRUSTRATION

 
 

On peut apercevoir la somme de frustration et de difficultés que suppose l’option du puits de 30 mètres.

 

1) Tout choix est limitant

Choisir cet emplacement-là plutôt qu’un autre amène une pression interne. Peut-être serait-ce plus facile dans un autre endroit ? Peut-être la terre va-t-elle se révéler trop dure, au fur et à mesure du forage ?

C’est au nom de l’idée tenaillante « et si c’était mieux ailleurs ? » qu’une personne va creuser 10 trous de 3 m.

Par contre celui qui choisit de rester sur son lieu de forage, et qui décide de consacrer toutes ses forces à cette unique tâche, devra supporter la frustration de ne pas aller voir ailleurs, et l’incertitude quant à la validité de l’option qu’il a prise.

Bien des maîtres ont insisté là-dessus : quand vous vous êtes décidé pour une voie, ne faites pas de bricolage en allant piocher d’autres notions un peu partout, engagez-vous à fond dans ce chemin là. Attention, donc, au syncrétisme. On trouve la même chose en psychanalyse : faire une psychanalyse de quatre ans n’est pas du tout identique à effectuer plusieurs tranches d’une année (qui butent toutes finalement sur le même niveau de défense). Il n’est pas non plus souhaitable d’aller en psychanalyse tout en piochant parallèlement dans diverses expériences psys de ci de là.

Nous sommes très forts pour éviter de nous engager clairement et à fond ; et très habiles pour nous donner à nous-mêmes toutes les rationalisations nécessaires destinées à justifier un engagement « light ». Pourquoi réagissons-nous ainsi ? Parce que choisir, c’est se limiter. Horreur…

 

2) Ténacité sans résultats immédiats

Et voilà notre assoiffé forant, creusant, se fatiguant en vue d’atteindre enfin l’eau. Une fois qu’il a commencé, il lui faut s’y investir sans atermoiement : chaque minute compte afin de ne pas mourir de soif. Une implication totale dans sa tâche, non entravée par de décourageantes pensées qui l’amèneraient à faire fréquemment des pauses (dictées par le doute et l’ambivalence) est ce qui lui permettra d’atteindre au plus vite la joie et le soulagement de la réussite.

Il doit donc maintenir son engagement avec une grande ténacité, jusqu’à ce qu’il ait atteint son but. Imaginons qu’il s’arrête à 25 m… après combien d’efforts épuisants… persuadé par une voix freinatrice qui lui soufflerait : « déjà 25 mètres et toujours rien ! Laisse tomber ! A quoi bon continuer ? etc. »  Alors il aurait échoué, même si, au passage, il a acquis cependant plus d’expérience que la personne papillonnante.

Comment peut-on maintenir ainsi, inflexiblement, sa ténacité de recherche jusqu’à l’atteinte du but ? Plusieurs conditions sont requises :

►   Tout d’abord la confiance en soi .

Confiance qui se manifeste en l’occurrence par une certaine imperméabilité aux remarques freinatrices ou destructrices, parfois issues de l’environnement, mais encore plus sûrement de la partie interne destructrice (Schéma Destructeur Interne. cf. les stages que nous avons animés sur ce thème). On pourra noter que le SDI relaie intérieurement les remarques extérieures, et que ces dernières n’ont du poids que grâce à lui. Si quelqu’un vous dit quelque chose qui vous déstabilise, sachez que ça n’est pas sa remarque qui a eu cet effet, mais bel et bien la reprise interne que vous en avez faite.

►   Même avec la confiance en soi, on connaîtra inévitablement, dans ce genre d’aventure, des moments de découragement. Tout l’art sera donc de nager avec les moments de découragement , de ne pas se laisser submerger par eux. Leur concéder une petite place (il faut bien reconnaître la partie fragile de nous-même qui se sent trop « enfant » pour réussir ces tâches d’adulte), mais ne pas leur donner le pouvoir pour autant. Si je bois la tasse, lorsque je suis en train de nager, la seule façon de ne pas en faire un drame c’est de ne pas paniquer, de digérer péniblement la tasse, puis… de reprendre ma nage.

 

►   Enfin, dernier point capital, il faut supporter de continuer sans être sûr du résultat . Nous voilà psychiquement dans une zone floue, pleine d’incertitude, marquée par l’absence de repères et par le sentiment de solitude. Et l’on ne peut être soutenu, durant cette phase, que par la foi en un résultat à venir, pourtant encore incertain.

Ceci est en rapport direct avec la capacité d’apprentissage. Un certain nombre d’enfants ont des difficultés scolaires pour la raison suivante : ils ne supportent pas cette phase où il leur faut apprendre (apprendre une démarche de résolution de problèmes, par exemple). En effet, rentrer dans cette zone est déstabilisant :

« je ne « sais » pas encore (et si je suis trop peu sûr de moi, je vais alors être écroulé par ce constat qui me met en position basse), je saurai peut-être plus tard. » Peut-être… pas sûr ! Plus tard… mais quand ? Quels efforts vais-je devoir déployer, sans même être sûr du résultat ? L’enfant a fréquemment besoin d’être soutenu dans la traversée de cette zone floue, difficile à gérer narcissiquement. Les deux façons habituelles de l’aider seront celles-ci :

1) l’assurance qu’il atteindra bien le but (et l’atteinte de petits buts intermédiaires lui permettra de s’en convaincre) ;

2) le soutien dans une démarche « pas à pas » dans laquelle l’important n’est plus le but mais simplement de poser le pas suivant. Faire une longue randonnée en montagne, en vue d’atteindre un sommet, suppose essentiellement l’aptitude à poser un pas après l’autre, avec régularité, sans fixer l’œil sur le sommet (et se dire: « Ciel, mais je n’en suis que là ! »), sans vouloir l’atteindre trop vite (les débutants caracolent en tête dès le début et, épuisés, se retrouvent loin derrière après quelque temps).

Quelquefois l’enfant dont nous parlions prétend qu’il « sait déjà », en ayant à peine commencé à apprendre. Il aimerait avoir atteint le but, magiquement, pour éviter cette aride traversée. Et il n’est pas rare de voir ce même enfant, devenu adulte et chercheur spirituel, prétendre qu’il a déjà atteint le sommet (l’illumination, la sainteté, etc) après très peu de temps, quelques expériences et quelques lectures. Dans un registre analogue, je me souviens de l’anecdote suivante. Après une de mes Conférences de présentation du GEP et de la Formation Préparatoire, une personne est venue me parler en ces termes : « Je vous remercie vraiment de cette conférence si éclairante. Maintenant je sais comment communiquer. Par conséquent il est inutile que je m’inscrive à la formation GEP ». Cette brave dame s’imaginait qu’ayant compris intellectuellement les principes de communication du GEP elle « savait déjà » sans avoir à passer par une longue phase d’apprentissage concret.

En résumé : s’engager est frustrant, limitant, difficile à supporter psychologiquement. Il ne s’agit pas d’une voie large et facile, mais d’une voie étroite et aride où l’on doit cheminer avec ténacité.

 
 

CE QUE L’ENGAGEMENT AMÈNE COMME RÉCOLTE:

 
 

1) Les conséquences du choix

Mais on sait, depuis la Bible, que l’entrée au Paradis passe par la voie étroite. Et depuis la psychanalyse que la « castration symbolique » (Françoise DOLTO) est le défilé expérienciel qui débouche sur la maturation. Cette idée de « castration symbolique maturative » est très simple : quand l’enfant découvre qu’il doit renoncer à une étape de son développement, et qu’il accepte cette douleur, alors il est projeté en avant dans le niveau suivant de son développement. Exemple : renoncer au sein maternel (ou au biberon) est le rituel nécessaire pour pouvoir passer à une nourriture variée, adaptée à la mise en route de la dentition ; ce sevrage, cette souffrance, cette frustration va permettre à l’enfant de grandir.

 

Tout choix, effectué consciemment, suppose a minima l’expérience maturative de castration symbolique. Choisir c’est renoncer à telle ou telle alternative au profit d’une seule direction. A la lumière de la psychanalyse, on constate qu’être capable de choisir, c’est à dire de trancher en faveur d’une option et de renoncer à l’autre, est une expérience qui renforce la personnalité et permet la maturation. Ne pas vouloir choisir, essayer d’imaginer qu’on peut tout avoir, amène au contraire une attitude de papillonnement, de superficialité, source à terme d’une insatisfaction encore plus grande que celle qui aurait découlé du renoncement impliqué par un choix clair. La « soif » n’est pas étanchée, et se révèle de plus en plus insupportable. Elle est assortie, en plus, du sentiment de ne pas avoir de densité, d’épaisseur, de force.

Or notre culture pousse vers le non-choix (imaginaire , car on est bien obligé de se déterminer peu ou prou). La publicité dit explicitement, dans un spot de pub à la télé : « pourquoi choisir, quand on peut tout avoir ? ». Pur fantasme, qui va dans le sens de la mégalomanie infantile défensive, et dont les conséquences sont ravageuses. Bien des études ont montré que l’ampleur du nombre de dépressions occidentales est liée à l’emprise d’un Idéal du Moi grandiose fortement favorisé et flatté par les valeurs marchandes de l’économie publicitaire. Écrasé par TOUT ce que je pourrais/devrais avoir et réaliser (mais que je n’ai pas et que je ne réalise pas), je bascule dans le RIEN, et dans le sentiment de ma profonde insignifiance.

N’ayant pas accepté et géré la castration symbolique liée à de vrais choix et de vrais engagements, je ne suis certes pas castré d’une partie limitée, mais me voici par contre anéanti dans ma totalité. Voulant ne renoncer à rien, je suis acculé à me sentir privé de tout. Je ne vaux plus rien, la vie ne vaut rien… dépression, désir de suicide, perte de l’appétit de vivre…

En contrepoint de cela voyez l’énergie rayonnante de certains vieillards tout entiers consacrés à la passion d’une vie : traverser les déserts  ; étudier inlassablement la pyramide de Saqqarah, etc…

En résumé : choisir et s’engager à fond donne :

► de la force

► un sentiment de vie

► une façon d’être orienté.

(d’avoir un axe, un sens)

Imaginez les retombées de ceci dans tous les secteurs de votre vie !


2) Les conséquences de la ténacité

Si la personne se tient à son engagement, à sa voie, à son puits, l’expérience même de cette ténacité va renforcer les qualités qu’elle implique et dont nous parlions plus haut :

►   confiance en soi

►   habileté dans la gestion des moments de découragements

►   récolte de résultats partiels (au fur et à mesure du « pas à pas »)

►   et généralement atteinte du but global recherché

Ces différentes qualités font alors rentrer dans un cercle positif. Plus je sais que j’ai de la force, que je suis capable d’atteindre mes buts, que je peux être tranquille et confiant intérieurement, et plus je pourrai me lancer dans de nouveaux engagements qui eux-mêmes me donneront de nouveaux bénéfices et une force supplémentaire. Ce cercle positif amène une constatation paradoxale: plus je réalise des choses dans lesquelles je m’investis fortement, et plus je dispose d’énergie ! En fait les sensations d’être porté par une puissante énergie, ou à l’inverse d’être si vite fatigué, sont hautement subjectives, étroitement liées à l’état interne. La fatigue, la faiblesse, la nécessité de beaucoup dormir, de devoir « se ménager », etc, ne sont généralement pas des réalités « objectives ». Il suffit que certaines conditions internes changent pour que la personne fatiguée découvre qu’elle possède une « pèche » dont elle ne connaissait pas l’existence. L’investissement dans un véritable engagement, sans tergiversation, donne une énergie insoupçonnée.


3) Résultats

 

On aperçoit ainsi que, même si le résultat final recherché n’est pas complètement atteint, au passage on aura acquis des atouts et des qualités précieuses.

 

Et c’est lorsqu’on se trouve pourvu de ces richesses qu’on peut alors plus facilement lâcher prise ; et passer désormais à un nouvel engagement. M’étant abreuvé largement, grâce au courage que j’ai déployé pour forer mon puits, ayant rempli gourdes et réservoirs de cette eau vitalisante enfin trouvée, je pourrai ensuite sortir du désert et découvrir la luxuriance de la vie tropicale.

 

Comment faire pour ne pas s’engager ?

 

Malheureusement la mouvance du « développement personnel », si riche par ailleurs, secrète ses propres dérives. En voici quelques-unes :

 

« je me respecte »

 

Toute la démarche d’approfondissement de la présence à soi-même et à l’autre conduit, c’est certain et cela constitue souvent un grand pas en avant, à se respecter soi-même et à respecter l’autre.

 

Mais alors la question cruciale est :  » respecter qui de soi-même ? ». La voix profonde qui est ma boussole interne, trop souvent négligée ? ou bien la voix superficielle défensive ? Or ces deux voix peuvent très bien dire des choses différentes. Ainsi l’inspiration profonde pourra m’indiquer qu’il est bon et sain pour moi de m’engager, cependant que la partie défensive/infantile criera qu’elle a peur, qu’elle n’est pas d’accord, qu’elle n’est pas prête, etc. Se respecter peut ainsi parfois consister paradoxalement à ne pas se laisser fléchir par des aspects de soi-même infantiles !

 

Or très souvent j’ai vu des personnes utiliser cette notion d’une façon protectrice : « tu comprends, c’est parce que je me respecte que je ne vais pas m’engager… » Oui… juste au moment où l’engagement qu’ils commençaient à prendre dévoile les efforts qu’ils vont devoir consentir… Je dois malheureusement dire que dans ces cas-là je ne trouve pas du tout qu’il s’agisse d’un respect de soi-même, mais bien d’une rationalisation au service de la frilosité.

 

L’ennui de cette défense c’est que, dans le contexte du développement personnel, elle est « béton », très difficile à mettre en cause. La personne, en toute bonne foi apparente, va alors se fourvoyer dans un processus de fuite permanente et, au bout du compte, de profonde insatisfaction.

 

« tout est intéressant dans la vie, je vais donc m’efforcer de vivre tout »

 

Là encore, un bénéfice du développement personnel (se dé-scléroser, s’ouvrir à de nouvelles expériences) va être mis au service d’un système nocif. Au nom de la souplesse, de l’ouverture, etc., la personne va toucher à tout, effleurant chaque travail sur soi, chaque investissement, et allant dans chacun jusqu’au moment (si nécessaire à traverser) où la résistance se met en route et suggère d’arrêter. Alors… c’est encore la fuite, bien rationalisée ; et dont le résultat paradoxal sera que la personne aura un renforcement de ses attitudes craintives dans tous les secteurs abordés puis abandonnés. En effet, dans chacun de ces secteurs la défense aura gagné et sera donc bien plus difficile à affronter si la personne se réengage dans ce chemin-là. De voies en voies abandonnées (en sauvegardant les apparences : « la vie c’est de tout expérimenter », etc.) la personne finira par être dans une impasse totale.

La politique de la terre brûlée, masquée derrière cette allure d’ouverture aux diverses expériences de la vie, conduit à vivre finalement sur un terrain désert et solitaire.

 

« c’est important de lâcher-prise, de laisser faire la vie »

 

Je ne développerai pas ici l’intérêt profond et véritable de cette attitude. Je n’en soulignerai que l’aspect névrotique utilisé par certains qui, au nom du « lâcher-prise », finissent par être incapable de se sentir « en prise » sur la vie. Flottants et incertains, ils se raccrochent à des idées stéréotypées glanées ici et là dans la culture new-age.

Je voudrais rappeler ce que beaucoup de sages ont souligné : l’intérêt du lâcher-prise ne se découvre que lorsqu’il fait suite au développement d’une capacité à effectuer des prises solides…

La comparaison classique est la suivante : un Moi faible est comme un dragon ayant de multiples petites têtes tournées dans toutes les directions. En couper une ou plusieurs est inutile, le dragon est toujours vivant et peut se restaurer. Pour vaincre le dragon de l’ego (pour dépasser l’identification aliénatoire à un Moi polymorphe), il faut que celui-ci n’ait qu’une tête, une seule tête puissante, montée sur un cou puissant. Alors on peut trancher en une seule fois la tête du dragon et le voir ensuite, enfin, laisser place au trésor qu’il gardait.

 

En termes simples, avant d’être capable de flotter souplement avec la vie, il faut avoir développé un Moi puissant capable de prises et de réalisations solides.

 

Avant d’être « magicien », il faut avoir été « guerrier ».

 

Or le cas le plus fréquent est celui de personnes au Moi faible qui se masquent leur impuissance derrière la philosophie du lâcher-prise.

 

« il y a mieux ailleurs »

 

Ce dernier point n’est pas spécifique au développement personnel. Il est délicat de repérer son chemin entre :

1) s’obstiner dans une situation intenable qu’il faudrait quitter, et

2) s’accrocher solidement, dans une situation  difficile, afin de la résoudre Là encore nous naviguons avec notre seule boussole interne, dans une zone de doute : suis-je en train de m’obstiner car mes tendances à la résistance au changement me poussent à m’accrocher même si c’est profondément insatisfaisant ? ou bien suis-je au contraire en train de faire preuve de la ténacité du héros (cf. les contes de fées, ces histoires initiatiques si précieuses) qui va aller jusqu’au bout de sa quête?

Il nous faut subir la pression intérieure de cette question. Mais le moins qu’on puisse dire c’est que notre société n’encourage guère la persévérance dans un engagement. L’illustration en est visible dans la question du couple. « Ca ne va plus, divorçons ! » disent trop vite certains couples. Au prix, le plus souvent, de retrouver le même problème, non résolu, d’unions en unions.

Je crois que dans bien des cas le « mieux ailleurs » ne serait envisageable qu’après un travail d’évolution/confrontation/maturation au sein même de ce couple-là et des transferts infantiles dont il est fortement porteur. Une fois ceux-ci suffisamment décantés, un nouveau tour de spirale (soit avec la même personne, soit alors naturellement avec une autre) pourrait s’envisager d’une manière fructueuse. On pressent aisément que ce premier tour de spirale suppose de s’accrocher à ce type de travail conjugal durant quelques bonnes années.

 
 

CONCLUSION

 

On aura compris que l’ère du zap (passer si vite d’une chaîne à l’autre) et du clic (amenant si facilement à la réalité virtuelle) ne va guère dans le sens d’une densification et d’une profondeur humaine. Nous voici en plein paradoxe : nous sommes censés avoir de plus en plus de possibilités, de libertés, de contacts multiples, etc., et nous expérimentons de moins en moins de satisfaction profonde.

C’est que ces multiples « engagements » légers, superficiels, et vite abandonnés, ne laissent qu’un sentiment de futilité, d’insignifiance. Ce vide intérieur, comme il me semble l’avoir montré plus haut, tient au refus d’expérimenter la voie aride d’un engagement véritable et durable.

Là, bien sûr, les « anciens » dans le GEP, et plus particulièrement les Responsables, se rappelleront tous les éléments structuraux qui favorisaient le choix d’un engagement fort. La densité de présence et de qualité humaine qui se dégagent d’eux-mêmes est sans doute, pour partie, la « récolte » qu’ils ont.

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