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Ceci est mon corps

Par 5 février 2020Aucun commentaire

Ceci est mon corps

18 janvier 2020 – Colloque AIDE PSY

INTRODUCTION

Nous sommes la seule espèce sur Terre disposant de deux corps, et non d’un seul. C’est à la fois une richesse et un fardeau, comme je vais tâcher de vous l’expliquer.

Il est facile de se représenter ces deux corps, si nous revenons une fois de plus sur le fameux stade du miroir. Même si certaines espèces animales, telles que l’éléphant ou le dauphin, s’approchent un peu de cette découverte, aucune ne peut en faire comme nous-mêmes un récit qui ordonnera ensuite leur vie.

Et donc que se passe-t-il pour nous ? Et comment sont ces deux corps ?

LES DEUX CORPS

Avant 15 à 18 mois, le petit enfant est immergé dans les éprouvés de son corps. Ce corps se manifeste par des sensations de toutes sortes (digestives, motrices). Et par les affects, les émotions (dont on sait combien elles sont fortes à cet âge), les douleurs et les plaisirs. En somme son JE personnel, vers 15 mois, se réfère à toutes ces perceptions intéroceptives. « JE » sais si ça fait mal, si ça fait plaisir, si j’ai faim, si je suis bouleversé de colère, ou de joie, etc. Ces sensations m’arrivent, sans que j’aie de pouvoir sur elles. Je les subis, elles sont comme des messages issus à l’improviste de différentes régions de mon corps. Messages non reliés les uns aux autres, venus d’un corps dont je ne vois et ne ressens que des parties, des morceaux.

Plus tard, quand nous aurons grandi et acquis une image du corps complet, une de nos angoisses majeures sera l’angoisse de morcellement, issue de cette expérience du corps morcelé, l’angoisse de nous effondrer comme un château de cubes empilés les uns sur les autres.

Ceci est donc notre premier corps : celui qui servira de point de référence interne porteur de nos sensations, nos affects, nos émotions, nos pulsions, nos douleurs, nos plaisirs.

Puis vient l’accès à notre deuxième corps, celui du miroir. JE suis ici dans mes éprouvés, mais me voilà MOI là-bas dans cette image. Cette image non seulement me représente en entier (et non plus en morceaux) mais aussi présente d’autres caractéristiques jubilatoires :

Premièrement, je ne subis plus passivement des éprouvés. Au contraire je dirige activement ce corps là-bas qui fait exactement chacun des gestes que je décide de faire. J’étais passif dans ce qui m’arrivait, et là je suis actif dans ce qui se passe. Quel pied !

Deuxièmement, le discours de ma mère ou de mes parents sur cet enfant que je vois là-bas va se révéler surchargé de sens concernant ma beauté, ma valeur, et l’amour que je reçois, ainsi que le regard porté sur mon genre sexuel. Je commence à bien percevoir si je suis accepté et acceptable en tant que garçon ou en tant que fille, et ceci passe par le regard sur mon image. Cela ne sera pas sans conséquence sur la façon dont je me vois et me présente aux autres.

« Miroir, gentil miroir, dis-moi si je suis belle, ou beau, aimée, admirée ? ». En fait, quand je me regarde moi-même dans le miroir, c’est mon parent interne qui me regarde aussi. Faites-en l’expérience : quand vous vous voyez dans votre miroir, votre propre regard est empreint du regard parental. C’est aussi votre père ou votre mère qui vous regarde !

 

Bien entendu cette assise narcissique aura été précédée par toutes les expériences antérieures d’une importance capitale, le holding, le handling, la détoxication émotionnelle par le psychisme maternel, etc. Mais la découverte de soi dans le miroir correspond aussi, on le notera, à l’accès au langage. Si les premiers mots apparaissent vers un an, les premières phrases courtes apparaissent vers deux ans, soit peu après cette découverte du deuxième corps, celui du miroir, celui du regard porté sur soi, tant par soi-même que par l’environnement.

Ainsi ce deuxième corps apparaît très différent du premier. Il a pour caractéristique :

  • de n’être pas dans les sensations et les affects mais dans une image, en somme un corps imaginaire
  • image qu’on peut manipuler, puisqu’elle bouge selon ma volonté (lorsque je gesticule devant elle dans le miroir)
  • et qui suscite des discours, des pensées verbalisées, porteuses de tout un panel d’attentes et d’histoires déposées sur l’enfant par son environnement.

On pourrait dire pour finir que :

  • le premier corps, le corps physique, c’est le « JE ici », appuyé sur tous les éprouvés intérieurs, et démuni de parole verbale mais porteur de toutes les sensations
  • le deuxième corps, le corps du miroir, très différent, c’est le « MOI là-bas » appuyé sur les regards, et l’imaginaire véhiculé par ces regards, ainsi que par le langage verbalisé et l’histoire racontée, mais démuni de toute sensation

Toute la question va donc être celle du lien entre ces deux corps, et les pathologies qui découlent de la non-entente entre les deux.

PATHOLOGIES DU MAUVAIS LIEN

Commençons par les pathologies. Celles-ci sont d’autant plus lourdes que le rejet du premier corps est violent. Qu’observe-t-on, par exemple ?

La personne anorexique rejette de toutes ses forces son corps physique. Elle ne veut pas de celui-ci, elle s’efforce de le dompter, de lui faire subir des sports à outrance, de l’affamer, de l’empêcher dans ses manifestations spontanées ou hormonales, par exemple les règles disparaissent. D’ailleurs elle en a une vision quasi délirante, déformant ce qu’elle voit dans le miroir : tout lui paraît excessivement gros, ses hanches énormes, ses cuisses gigantesques, ce ventre monstrueux. Le corps du miroir, livré au regard, est donc déformé, mis au service de ce qu’on se raconte sur lui. C’est le mental qui décide ce qu’il est, et ce mental peut induire une vision quasi délirante.

Ce qui est caractéristique d’un refus violent du corps physique, c’est que le mental, livré à lui-même, peut devenir idéologiquement délirant. Une sorte de cheval fou qui a perdu le lien avec la charrette à laquelle il était attelé. Ainsi par exemple :

  • l’anorexique se croit énorme et se voit ainsi, au détriment de la réalité
  • l’hypocondriaque s’imagine livré sans défense à toutes les maladies. C’est une sorte de petit délire paranoïde vis-à-vis du corps. Celui-ci est un ennemi à surveiller plutôt qu’un allié disposant de ses propres défenses
  • le schizophrène a l’impression que son corps est dissocié de sa personne, ou que ses membres pourraient se détacher. Il reste devant son miroir (c’est ce que l’on appelle le « signe du miroir ») tentant désespérément de trouver un MOI et un JE
  • le dysmorphophobique, persuadé d’avoir une ou des parties du corps inadéquates et mal fichues, pourra donner lieu à une quête chirurgicale aboutissant aux pires déformations du corps réel. On en a vu des exemples effrayants sur les réseaux sociaux.

Tous ont donc un problème avec le corps physique. Et on peut retrouver cette difficulté dans pratiquement toutes les configurations psychopathologiques.

  • L’hystérique joue les émotions plutôt que les ressentir, et s’efforce de capter le regard de l’autre afin de se sentir exister. Du coup le corps réel se charge de manifester physiquement, par des symptômes bizarres, la vision du corps imaginaire
  • l’obsessionnel, préoccupé par la mort, s’efforce de maîtriser les affects, issus du corps. Son discours monotone, sa tentative de tout contrôler, ses rituels, marquent l’absence de sécurité dans le lien avec son propre corps
  • le psychopathe, dangereux et pervers, se caractérise par le fait d’être dénué d’empathie. Or, l’empathie c’est la perception mimétique dans son propre corps du ressenti du corps de l’autre
  • enfin le psychosomatique, du moins tel que décrit par l’Ecole de Paris, semble en déficit de cet espace transitionnel de pensée qui permettrait de relier les symptômes maladifs d’un côté à une mentalisation intégrant les affects et les symboles d’un autre côté.

Evidemment, et vous l’aurez compris, cette énumération psychopathologique mériterait à elle seule un temps bien plus long et bien plus détaillé qu’un simple exposé rapide. Mais le but de mon intervention c’est de commencer à dessiner un thème qui se dirait ainsi : dans toute psychopathologie on peut apercevoir un problème de relation avec le premier corps, celui dans lequel il nous faut habiter jusqu’à la mort, et qui se trouve être le support privilégié de notre Self.

FONCTIONNEMENT SAIN

Voyons donc, par contre, ce qu’il en est d’un fonctionnement sain.

Je vais souligner trois points à ce propos. 1) tout d’abord il s’agit de comprendre que le corps réel va manifester un certain nombre de messages ; 2) ensuite ceux-ci demandent à être traduits, car le langage du corps n’est pas verbal mais analogique ; 3) et enfin le psychisme conscient doit pouvoir supporter d’entendre ces messages lorsqu’ils sont, comme c’est souvent le cas, pulsionnels, émotionnels, pressants. Ce qui suppose une certaine confiance.

1) Le corps va donc manifester des messages, tels que par exemple ;

  • la pression pulsionnelle, issue de notre structure-même et liée à notre constitution : sexualité, agressivité, exigences corporelles diverses telles que la faim et la soif. Il s’agit des moteurs primaires vers ce qui nous importe, soit que nous le désirions, soit que nous voulions le supprimer. La pulsion, comme son nom l’indique, est une véritable poussée interne
  • les émotions, sont une mise en tension, invitant possiblement à une action. Elles signalent ce qui se passe en nous, et nous en subissons les manifestations corporelles sans les avoir choisies.
  • ceci est appuyé sur les sensations physiques et les affects, sorte de variateur interne concernant la puissance d’agir
  • tout ceci est teinté par la question du plaisir-déplaisir. Notre corps-boussole nous indique le Nord de nos plaisirs (par exemple le goût du sucré qui commence dès la petite enfance) et le Sud de nos douleurs ou aversions (le feu ça brûle). Il s’agit d’une évaluation en rapport avec nos intérêts.
  • plus tard le corps sera aussi porteur des souvenirs engrammés, mobilisés par telle ou telle situation.

Bref, notre corps réel nous révèle en permanence ce qui s’agite en nous. Toutefois pour accepter d’entendre ces messages, parfois bien encombrants vis-à-vis de notre réalité relationnelle du moment, il va falloir d’une part les écouter, ce qui suppose de faire confiance au fait qu’il est nécessaire et utile de les prendre en compte, et d’autre part les traduire en langage conscient afin que nous puissions prendre les décisions nécessaires.

2) Donc, le message est envoyé. Ensuite, il faut le traduire. En effet le message relève d’un style de communication qu’on peut appeler analogique. C’est-à-dire une façon animale primaire d’indiquer ce qui se passe. Des tensions, des tiraillements, des excitations locales, des douleurs à certains endroits, une certaine façon de respirer, des crispations musculaires, etc.

Comment comprendre le message, comment lire la boussole, afin de nous orienter correctement dans notre vie, positionnés d’une manière juste et alignée avec ce que nous sommes ?

Ou bien, dit autrement, comment traduire ce langage analogique en un langage verbalisé digital sur lequel notre pensée pourra prendre les décisions qui s’imposent ? Hé bien par le passage dans une zone de traduction, dans laquelle les sensations seront transformées en images, les images se rattacheront entre elles en un fantasme, un scénario. Ce scénario permettra un discours langagier, une histoire symbolique, amenant ensuite la traduction en clair nécessaire à notre pensée consciente.

Prenons un exemple. Cette jeune femme rentre le soir chez elle. Elle est contente d’avoir fini son travail et de retrouver sa maison et son mari. Pourtant elle observe en ouvrant le portail deux signaux corporels étranges : elle a les mains moites et une douleur au ventre. Elle prend alors le temps (c’est une thérapeute de l’école Aide Psy !), avant d’entrer dans sa maison, de chercher la traduction de ces messages. Elle laisse venir des images : sa douleur au ventre fait penser à un coup de poing reçu, et ses mains moites s’efforceraient de tenir un bâton qui glisserait de ses mains. Le scénario s’organise et se révèle alors assez angoissant : un homme la frappe au ventre et elle n’arrive pas à se défendre, son bâton lui échappe. Elle suit le fil du scénario fantasmatique et débouche sur l’idée qu’une part d’elle craint de retrouver un homme agresseur, son mari. Cela la surprend beaucoup de trouver cela en elle. Elle poussera alors sa réflexion, désormais conscientisée, sur ce qui se passait ces derniers temps entre eux, et sur la nécessité de tenir compte d’une certaine peur relationnelle dont elle n’avait pas conscience. Or une fois cette peur reconnue, la jeune femme va rentrer chez elle d’une façon bien plus assurée, prête à traiter ce qui doit l’être. En effet une peur reconnue, conscientisés, n’a prise que sur une partie du psychisme et perd de son acuité et de son emprise secrète. Tandis que ne pas la repérer, ne pas la voir, conduirait celle-ci à s’inscrire sous forme de symptômes physiques, sources de douleur et d’inquiétude.

Tout ceci nécessite donc du temps, afin de ne pas se précipiter sur un sens mentalisé directement, sans passage par les images, comme le ferai un décodage biologique simpliste ou tiré de livres. Du temps, mais aussi de la confiance.

3) Nous arrivons sur le troisième point, la question de la confiance. Dans un fonctionnement sain, la personne accepte de reconnaître que quelque chose se dit en elle, sans qu’elle l’ait choisi consciemment, et elle a suffisamment de sécurité interne (dont nous allons voir comment celle-ci se bâtit) pour avoir confiance dans le traitement qu’elle va devoir en faire.

 

En somme, au contraire des exemples psychopathologiques évoqués précédemment, la personne :

 

  • accepte d’avoir un corps réel, malgré les limites et les contraintes que cela suppose
  • accepte d’être en alliance avec lui ; elle sait que l’émotionnel, par exemple, peut lui servir de boussole ; et aussi que ses ressentis peuvent lui faire percevoir en miroir empathique ce que l’autre vit de son côté
  • elle est donc prête à donner son attention à ce qu’elle vit corporellement et à prendre le temps nécessaire pour comprendre ce qui se dit en elle, sans laisser son mental se précipiter sur un décodage artificiellement prématuré

Elle donne donc de l’importance à ce corps réel dans lequel elle habite, et son corps du miroir, son corps de l’image, sera relié et subordonné au premier corps. MOI s’efforcera d’être en accord avec JE dans ses choix, décisions, comportements.

L’ALLIANCE

Alors, comment se sont créés l’alliance entre eux deux et le système traducteur qui leur permet de se relier ? Sur ce point, évidemment, nous nous appuierons particulièrement sur Winnicott, et plus généralement sur l’école anglaise. Il a même écrit, dans « De la pédiatrie à la psychanalyse » un chapitre intitulé « L’esprit et ses rapports avec le psyché-soma ».

Il aborde la question de « l’installation de la psyché dans le corps » qu’il appelle tantôt la collusion psychosomatique tantôt la personnalisation. Pour lui, bien sûr, cette nidation de l’esprit dans le corps s’effectue en lien avec les processus de relation mère-enfant, individu-environnement. Les expériences qui constitueront une résidence tranquille et confiante dans son propre corps se développeront autour des points essentiels que nous retrouverons en cure psychanalytique :

  • le holding : se sentir soutenu, n’avoir pas peur de tomber dans des précipices
  • le handling : être traité avec précaution et douceur
  • object presenting : présenter les choses de façon correcte (on pense à l’interprétation)
  • et j’y ajoute l’expérience capitale bien théorisée par Bion : celle dans laquelle le psychisme maternel peut accueillir les vécus terrifiants qui existent pour l’enfant, les formaliser, et lui rendre détoxiqués.

Je ne m’étendrai pas outre mesure sur ces concepts, pensant que vous les connaissez suffisamment. En résumé l’enfant fait ainsi l’expérience d’être niché dans une mère accueillante et apaisante, et il intègre ce modèle en retour, en s’installant dans un corps accueillant et apaisant, auquel il pourra faire confiance.

Ceci pour ce qui est de la confiance. En ce qui concerne la traduction, l’instauration d’un espace transitionnel interne permettra :

la capacité de jouer

la capacité de symboliser

la capacité de contenir des motions contradictoires et paradoxales

Autrement dit, cet espace interne permet la créativité et l’écoute de ce qui se dit en soi, et traduit les messages émotionnels, pulsionnels, somatiques, assurant que la pensée pourra ainsi jouer avec tout ce qu’il s’agit de percevoir, de voir, de gérer.

On ne soulignera jamais assez, me semble-t-il, l’intérêt de ce que j’appelle un Préconscient opérationnel, espace interne chargé de formaliser, d’imager, ce qui se dit d’abord sous forme analogique, et de jouer ensuite symboliquement avec les charges émotionnelles, pulsionnelles, affectives.

Dans « Conversations ordinaires » Winnicott écrit : « une personne intégrée doit pouvoir entièrement assumer la responsabilité de tous les sentiments et de toutes les pensées qui sont propres à l’individu humain (…) Un des traits qui caractérisent l’individu sain c’est qu’il n’a pas à faire un trop gros recours à la projection pour parer à ses impulsions et pensées destructrices ».

Ceci est permis par la créativité transitionnelle, le préconscient opérationnel, l’association d’éléments actifs et d’éléments passifs réceptifs, permettant la gestion correcte des pressions pulsionnelles.

PSYCHANALYSE R.E.

C’est là, bien sûr, ou nous arrivons à la psychanalyse Rêve éveillé, et par extension à la TBSI. Je mettrai plus spécialement l’accent sur la psychanalyse Rêve éveillé, afin de contrer une idée commune, courante, et fausse, suivant laquelle le corps est exclu de la cure.

En réalité les RE représentent une parfaite expérience de lien entre les deux corps. Sur une scène transitionnelle, permise par le temps dévolu à cette expérience particulière qu’est le RE, le corps imaginaire vient rejoindre et se relier au corps réel. En effet, comme je l’ai exposé dans ma conférence en Italie, lors d’un Colloque à Milan (visible sur Youtube), le RE pour être véritablement efficace doit avoir cette qualité hallucinatoire dans laquelle les affects, les sensations, les émotions sont intensément ressenties et vécues. La peur est une vraie peur et mobilise le corps sur le divan, la joie peut être extatique, la colère va crisper des muscles qui viendront s’activer sur la scène imaginaire, etc. On le vit vraiment !

Ainsi l’expérience même du RE participe à tout ce que je viens d’expliquer :

* le corps imaginaire relié au corps réel,

* le scénario qui donnera lieu à une prise de sens verbalisée,

* la sécurité donnée par le cadre et l’accompagnement à la bonne distance.

En somme il est permis ainsi de vivre vraiment, dans ses deux corps, les expériences de base qui mèneront ensuite à l’écoute, et à la traduction, de ce qui s’agite en soi, et qui cherche à se dire dans les signaux somatiques.

De plus, l’expérience du RE permet de sentir qu’une vérité se dit en soi mais qu’il va falloir un certain temps pour l’entendre et la comprendre… ce qui favorisera la possibilité de mettre un frein au mental et d’éviter qu’il se précipite sur des interprétations prématurées et inutiles. Quelque part nous rejoignons le concept du wu-wei chinois, du non-agir. Non-agir voulant plutôt dire : donner suffisamment de temps et de place à la réceptivité passive avant de déboucher sur une activité délibérée et consciente.

CONCLUSION

Cet exposé principalement théorique viendra sans doute compléter et éclairer ce que mes collègues vont traiter d’une manière plus clinique. La chair du vécu permettra heureusement d’habiller et de rendre plus vivant le squelette de la théorie que je viens d’esquisser. Je suis donc heureux à l’avance de voir, là aussi, les liens que nous ferons aujourd’hui entre les différentes façons de comprendre la question du corps.

Jean-Marc Henriot, Psychologue Psychanalyste
Fondateur de l’école AIDE PSY